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Marie Stuart, reine d’Écosse (2018) Josie Rourke

par Neil 21 Février 2019, 01:22 2010's

Fiche technique
Film britannique
Titre original : Mary, queen of Scots
Date de sortie : 27 février 2019
Genre : rivalités royales
Durée : 2h04
Scénario : Beau Willimon, d’après l’œuvre de John Guy
Image : John Mathieson
Musique : Max Richter
Avec Saoirse Ronan (Marie Stuart), Margot Robbie (Élisabeth Ire), Jack Lowden (Lord Darnley), Joe Alwyn (Robert Dudley), David Tennant (John Knox), Guy Pierce (Sir William Cecil), Gemma Chan (Bess of Hardwick) ...

Synopsis : Le destin tumultueux de la charismatique Marie Stuart. Épouse du Roi de France à 16 ans, elle se retrouve veuve à 18 ans et refuse de se remarier conformément à la tradition. Au lieu de cela elle repart dans son Écosse natale réclamer le trône qui lui revient de droit. Mais la poigne d’Élisabeth 1re s’étend aussi bien sur l’Angleterre que l’Écosse.

Mon avis : Petits arrangements avec l’Histoire

La réalisatrice de Marie Stuart, reine d’Écosse est une metteure en scène britannique de théâtre qui s’essaye pour la première fois au genre cinématographique. Elle prend en charge pour l’occasion une grosse production anglo-américaine dont le scénario a été adapté par le très en vogue Beau Willimon, en prenant pour base le roman de l’historien britannique John Guy sur la vie de la reine Marie Stuart. Le premier a écrit plusieurs épisodes de la série House of cards, le second My heart is my own : the life of Mary, queen of Scots, qui n’a visiblement jamais bénéficié d’une traduction française. Il faut dire que la souveraine écossaise a inspiré de nombreux écrivains et dramaturges, comme par exemple le poète Friedrich von Schiller dont la pièce Marie Stuart a ensuite inspiré l’opéra de Gaetano Donizetti.

Une flotte de bateaux débarque sur les côtes écossaises. Sous les yeux ébahis de pécheurs, Marie Stuart tente de rejoindre les rivages avec l’aide de ses dames de compagnie. L’escorte rejoint le palais de Holyrood, où le demi-frère de Marie, James Stuart, l’accueil avec les honneurs dus à son rang. Elle compte reprendre la couronne écossaise, après la mort de son mari le roi de France François II. Le royaume était en effet gouverné par des régents tandis que la jeune femme parachevait son éducation à la cour de France. Mais les conseillers de la cour voient d’un très mauvaise œil ses prétentions au trône, puisqu’elle a adopté la religion catholique et entend faire régner un climat d’apaisement en ses temps de guerres de religions. Elle se confronte en particulier au réformateur John Knox, proche de l’Église d’Angleterre, qu’elle exclut du Conseil.

Le regard que porte Marie Stuart, reine d’Écosse sur la réalité historique a de quoi déconcerter. Alors certes, le film se base sur le roman d’un historien, et certes les artistes se sont très souvent autorisés des licences poétiques (en premier lieu Friedrich von Schiller). Le problème vient surtout du fait que le scénario du film manque cruellement de finesse : il assène ses supposés vérités avec un parti-pris qui ferait frémir de nombreux universitaires. Prenons l’exemple de la potentielle homosexualité de Lord Darnley ; celle-ci nous est assenée lourdement, tout d’abord lors d’une scène qui n’a d’intérêt que la plastique avantageuse du choupinet Jack Lowden, puis dans un dialogue d’une finesse contestable, et encore deux fois avec des gros plans appuyés sur regards complices. Tout ça pour servir de justification à un complot avéré, et plus tard à un meurtre dont la paternité est aujourd’hui encore discutée.

Et Marie Stuart, reine d’Écosse cultive tout du long une ambiguïté face aux faits historiques tout en adoptant une façade de sérieux tout du moins étonnante. Ainsi la scène de la fameuse rencontre entre Marie Stuart et Elizabeth 1re, qui n’a jamais eu lieu, est enrobée de fioritures esthétiques douteuses et traîne en longueur comme un climax pour le moins discutable. De même le film s’autorise des dialogues aux accents très contemporains dont on peut sérieusement douter de l’acuité historique. Par exemple la séquence où la reine conseille à un David Rizzio déguisé en femme de vivre selon ses inclinaisons sans se soucier du qu’en dira-t-on parait complètement anachronique, et pourtant elle sert de base à la suite de l’intrigue qui fera du courtisan le bouc-émissaire du déclenchement des querelles intestines de la cour.

On ne compte ainsi les détails grotesques qui émaillent Marie Stuart, reine d’Écosse, des maquillages et des costumes outrageusement exagérés à la mise en scène grandiloquente et superflue (pour exemple cette scène d’ouverture ridicule sur la plage). Sans compter le fait que la reine d’Écosse est interprétée par une actrice irlandaise, qui certes maîtrise parfaitement le français (ce qui est raccord avec l’éducation que la reine a reçue), mais dont l’accent prononcé jure sérieusement avec celui de ses conseillers écossais. On se ballade ainsi entre faits historiques avérés et une réappropriation hollywoodienne où le reconnait bien la plume du showrunner télévisuel Beau Willimon. Ce qui est efficace sur petit écran s’avère beaucoup plus compliqué au cinéma, à moins d’assumer le caractère outrancier, comme le fait La favorite, ce qui est loin d’être le cas ici.

Ma note : °

Marie Stuart, reine d’Écosse (2018) Josie Rourke
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