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Luciérnagas (2019) Bani Khoshnoudi

par Neil 22 Novembre 2019, 03:14 2010's

Fiche technique
Film mexicain
Date de sortie : 22 janvier 2020
Durée : 1h25

Genre : migrant perdu
Scénario : Bani Khoshnoudi
Image : Benjamín Echazarreta
Musique : Sohrab Karimi
Avec Arash Marandi (Ramin), Luis Alberti (Guillermo), Flor Eduarda Gurrola (Leti), Eligio Meléndez (Jorge), Eduardo Mendizábal (Ernesto), Uriel Ledesma (Cuyo)…

Résumé : Ramin se retrouve à Veracruz au Mexique, un peu par accident, alors qu’il cherchait à se rendre en Grèce pour fuir la répression dans son pays d’origine, l’Iran, où l’homosexualité est sévèrement condamnée. Perdu loin des siens, et en particulier de son petit ami qu’il a laissé derrière lui, il découvre pourtant une vie plus libre, et peut-être un horizon plus lumineux.

Mon avis : À midi je suis dans mon lit et je rêve de quelque chose

Présenté dimanche soir au Festival Chéries Chéris, Luciérnagas, qui était également sélectionné au Festival du film de Cabourg en juin, est un film réalisé par une femme iranienne. Originaire de Téhéran, la famille de Bani Khoshnoudi émigre aux États-Unis au moment de la révolution islamique. La jeune fille fait des études de photographie et de cinéma au Texas avant de passer quelques temps en France à la fin des années 1990. Elle se fait remarquer avec son premier court-métrage, Transit, puis réalise un documentaire en Iran. Pensionnaire de la Cinéfondation du Festival de Cannes à la fin des années 2000, elle concrétise alors son premier long-métrage, Ziba. Son film suivant sera un autre documentaire, The Silent Majority Speaks, qui évoque les soulèvements iraniens de 2009, puis elle s’attèle à ce deuxième long-métrage, se déroulant au Mexique et que l’on peut traduire en français par « lucioles ».

Dans une plantation d'ananas travaille Ramin, un exilé syrien dans la ville portuaire mexicaine de Veracruz. Le soir il se rend au port pour savoir s'il pourrait prendre un bateau pour se rendre en Turquie ou en Grèce. On lui répond que ça coûtera 30 000 euros, mais il n'a que 7 000 euros, alors il propose de travailler pour payer la traversée, mais on le lui refuse. À la pension où il dort, la logeuse l’accueille en lui disant qu'il peut attendre le lendemain pour la régler. Le soir, il pense à son petit ami en regardant sa photo et en écoutant sa voix qu'il a enregistrée. La logeuse, quant à elle, s'occupe de son père qui regarde à la télévision un reportage sur les réfugiés. Le lendemain, Ramin aborde des personnes sur le port pour leur demander s'ils ont une place dans leur bateau, mais ils vont vers Singapour. Il se dirige alors vers la ville, où il déambule sans but. Un peu plus tard, il reçoit un message de son copain et va dans un cybercafé pour l'appeler.

Le personnage principal de Luciérnagas est perdu. C’est un jeune homme que nous découvrons dans le port mexicain de Veracruz, et tout ce que nous savons au début du film est qu’il a débarqué là-bas il y a un mois. Qui est-il, d’où vient-il, pourquoi est-il là, tout ceci nous est alors inconnu, et nous le suivons dans ses déambulations, alors qu’il recherche un moyen de quitter cette ville. À de nombreuses reprises durant le long-métrage, des personnages vont d’ailleurs l’alerter, lui conseillant de quitter cet endroit car à trop longtemps y rester on s’y perd et l’on risque de ne plus pouvoir partir. On finira par comprendre que Ramin est iranien, qu’il a été torturé dans son pays natal, et que son compagnon Ernesto vit en Turquie, c’est pourquoi il rêve de prendre un bateau pour ce pays. La seule conversation qu’il a avec lui ne renseigne pas plus sur la raison de leur séparation, ni même de la profondeur de leur attachement, et se révèle, pour eux comme pour le spectateur, assez frustrante.

Frustrant est peut-être d'ailleurs le mot le plus juste pour qualifier Luciérnagas. Le film distille tout du long la mélancolie de ses personnages et la langueur de la ville où ils habitent, au risque de plonger le spectateur dans une dangereuse torpeur. Veracruz, la ville d’origine de La bamba, n’y est pas vraiment présentée de façon très flatteuse : ce qui y viennent ne rêvent que d’y repartir et ceux qui y sont nés n’ont pas vraiment l’air de s’y plaire. Ou alors sont-ce les personnages dépeints par la réalisatrice qui sont tellement apathiques qu’ils ne donnent pas envie de les rejoindre. Le personnage principal ne sait pas ce qu’il veut, tiraillé entre son amour qu’il est en train de perdre et son désir d’indépendance, qu’il va prendre du temps à matérialiser. Quant à Leti, elle a du mal à se défaire d’un ancien amant qu’elle sait nuisible mais qui conserve durant une grande partie du film une influence sur elle, l’empêchant inconsciemment de vivre.

C’est ainsi l’itinéraire de deux êtres un peu paumés que nous raconte Luciérnagas. Rien de neuf sous le soleil, c’est en se rapprochant qu’ils vont s’épanouir et vont surmonter leurs malheurs respectifs. C’est un peu un poncif, et on se demande si Bani Khoshnoudi a autre chose à raconter, sinon ça fait quand même très peu, même si le film a l’élégance de ne pas être très long. On retrouve évidemment une figure d’homosexuel refoulé, qui est proche du passage à l’acte, et une scène de drague dans un lieu public. Pourtant on aurait envie d’en savoir plus sur les violences qu’a subies Ramin, lui qui garde des cicatrices de son séjour dans les geôles iraniennes. On aurait envie d’en connaître un peu plus sur ce couple étrange constitué d’un père mutique et de sa fille, sur ces travailleurs saisonniers qui viennent de partout dans le monde pour transiter dans cette ville portuaire qui n’a pas vraiment mise en valeur. De tout cela on a des bribes, et on aimerait en avoir un peu plus.

Ma note : *

Luciérnagas (2019) Bani Khoshnoudi
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