Film français
Date de sortie : 22 août 2007
Genre : polar torturé
Durée : 1h45
Scénario : Olivier Assayas
Photographie : Yorick Le Saux
Avec Asia Argento (Sandra), Michael Madsen (Miles Rennberg), Carl Loong Ng (Lester), Kelly Lin (Sue), Joana Preiss (Lisa), Kim Gordon (Kay), Alex Descas (André)...
Synopsis : Sandra, une jeune Italienne originaire de Rome, s'est enlisée à Londres dans une relation sans avenir, mais tumultueuse, entremêlée de désir et de jeux sexuels avec un golden boy déchu, Miles Rennberg. Un jour, elle se débarrasse de lui autant pour briser le cercle infernal d'une passion qui la consumait que pour l'argent. (allociné)
Mon avis : La vengeance ratée de la femme soumise
La filmographie d’Olivier Assayas est assez intéressante à suivre : entre deux films à gros budget (une adaptation on ne peut plus classique de Jacques Chardonne avec Les destinées sentimentales, un thriller futuriste comme Demonlover) l’ex critique des Cahiers du cinéma s’adonne à des productions plus intimistes telles que Irma Vep ou Fin août, début septembre. Avec Boarding gate il avait pour unique ambition de faire une série B à petit budget, après que son dernier projet en date est tombé à l’eau. Las, les ennuis matériels et logistiques se cumulent, le tournage du film traînera en longueur et accumulera diverses péripéties.
Et ce qui ne devait être qu’une récréation pour Olivier Assayas prendra une toute autre tournure. À la base il est parti d’un simple fait divers qui défraya la chronique en 2005, l’assassinat du golden boy Edouard Stern par sa maîtresse dans d’étranges conditions. Ici en l’occurrence Sandra et Miles vivent une liaison tourmentée faite de ruptures et de jeux sado-maso jusqu’à ce que la maîtresse-esclave se voit acculée au meurtre et embrigadée dans une sombre histoire qui la conduira à Hong-Kong.
Deux parties bien distinctes séparent donc ce Boarding gate qui manque sérieusement d’équilibre. Car si la première partie, diagnostiquant la relation trouble qui se trame entre Asia Argento et Michael Madsen, ne manque pas d’intérêt (bien que par trop verbeuse à certains moments), la seconde partie qui se passe en Asie s’essouffle singulièrement. C’est comme si Olivier Assayas s’était perdu en route, concentrant plus son attention à filmer son icône qu’à donner de la substance à un scénario qui en manque sérieusement.
Entendons nous bien, Assayas possède un talent certain pour choisir ses héroïnes principales : Maggie Cheung et Asia Argento sont certainement deux des actrices les plus intéressantes de ces récentes années. Mais autant la trajectoire d’Emily m’avait séduit dans Clean, autant celle de Sandra dans Boarding gate ne m’a provoqué aucun engouement particulier. Pourtant Asia Argento n’est pas à blâmer, son énergie se révèle diablement efficace et son charme opère tout du long ; seulement voilà, l’histoire ne tient qu’à un fil ténu.
Ce n’est d’ailleurs pas le problème du réalisateur qui préfère faire un film d’ambiance, quitte à délaisser le scénario. Soit, mais ça ne tient pas la route très longtemps et les qualités techniques indéniables (une attention toute particulière à la lumière, des plans serrés qui finissent cependant par lasser) ne suffisent pas in fine à appâter le chaland. Boarding gate se révèle un exercice de style honorable doté d’une interprétation plus qu’acceptable (avec un Michael Madsen dont ne cessera jamais assez de vanter les louanges) mais qui tourne finalement en roue libre.
Ma note : *