Fiche technique
Film britannique
Date de sortie : 25 août 1999
Titre original : 8 ½ women
Genre : conte érotique
Durée : 2h
Scénario : Peter Greenaway
Image : Sacha Vierny
Avec John Standing (Philip Emmenthal), Matthew Delamere (Storey Emmenthal), Amanda Plummer (Beryl), Vivian Wu (Kito), Toni Collette (Griselda), Natacha Amal (Giaconda)…
Synopsis : Fasciné par le Japon, Storey Emmenthal accepte de prendre la direction de plusieurs salons de jeux que son père, Philip, riche homme d'affaires genevois, vient de recevoir en héritage. La mort subite de sa mère provoque le retour de Storey en Suisse. Pour distraire son père de son immense chagrin, Storey décide de transformer le manoir familial en maison close privée. Le père et le fils se livrent à leurs fantaisies sexuelles en compagnie de huit femmes... et demie. (allocine)
Mon avis : Let’s talk about sex baby
On sent que le facétieux Peter Greenaway a voulu se faire plaisir avec 8 femmes ½. Truffé de références, le film déroute et/ou ennuie bon nombre de spectateurs. L’inspiration première et avouée du film est bien sûr le Huit et demi de Federico Fellini. Les deux films ont une portée autobiographique, les deux films parlent de cinéma, de femmes et de fantasmes. Et ici, du point de vue des fantasmes masculins traditionnels rien ne nous est épargné, de la bonne sœur à la bonne, de la femme d’affaire à la femme enceinte tout y passe… même un cochon.
Storey, passionné par le Japon et les tremblements de terre, dirige un salon de pachinko (sorte de casino au Japon). Lorsqu’il apprend la mort de sa mère, il part rejoindre son riche père dans son manoir de Genève. Afin de changer les idées de son père (sic), il lui propose de transformer son manoir en espèce de maison close privée destinée à leur seul usage. Le recrutement de huit femmes et demi (en effet, une cul de jatte est de la partie) va pouvoir commencer.
La lecture du résumé de 8 femmes ½ nous donne déjà un aperçu de la misogynie potentielle d’un tel sujet. Rien que le fait de recruter ces femmes pour le simple divertissement de deux riches oisifs a de quoi faire frissonner plus d’une féministe ; si vous rajoutez le fait de qualifier de « demi femme » une cul de jatte qui plus est femme-enfant, c’est le pompon. Heureusement diront certains, Peter Greenaway a su saupoudrer son film d’une bonne dose d’humour distancié comme les anglais en sont férus.
Il n’empêche que 8 femmes ½, volontairement provocateur, en déstabilisera plus d’un (et plus d'une). Les sujets abordés (homosexualité, inceste, relation maître/esclave, travestissement…) le sont malgré tout avec une élégance d’esthète, on en parle beaucoup mais on ne montre rien bien sûr. Et c’est peut-être là que le bât blesse pourrait-on dire. Reste que Peter Greenaway, en bon peintre qu’il est, construit comme souvent un film à dominante picturale. Chaque scène fait penser à un tableau, l’attention prise à l’image est en cela très louable.
Dans cet univers les très british John Standing et Matthew Delamere s’en donnent à cœur joie pour essayer de briser la prétendue réserve britannique, à force de vulgarités et autres jurons. Les femmes sont tellement caricaturales et sans profondeur qu’il est difficile d’en voir émerger une (on notera au passage la surprenante prestation de… Natacha Amal). Ce patchwork que constitue 8 femmes ½ est, on l’aura compris, avant tout un exercice de style certes périlleux mais qui peux se voir comme un divertissement sympathique bien que très élitiste. On pourra tout aussi bien passer son chemin et lui préférer d’autres œuvres du réalisateur.
Ma note : **