
Film suédois
Titre original : Smultronstallet
Date de sortie : 26 décembre 1957
Genre : Voyage intérieur
Durée : 1h32
Scénario : Ingmar Bergman
Musique :Erik Nordgren
Directeur de la photographie : Gunnar Fischer
Avec Victor Sjöstrom (Professeur Isaak Borg), Bibi Andersson (Sara), Max Von Sydow (Henrik Akerman), Ingrid Thulin (Marianne Borg)…
Synopsis : Le docteur Isaak Borg part a Lund pour assister a une cérémonie de jubilé en son honneur. Au cours de ce voyage dans sa propre limousine et accompagne de sa bru, il fait le point sur sa vie et finalement se réconcilie avec lui même. (allocine)
Mon avis : Homme au bord de la crise existentielle
En 1956, quand le festival de Cannes révèle Ingmar Bergman via le charmant Sourires d’une nuit d’été, il a déjà quinze films à son actif. Un an après il nous livre deux de ses plus grands opus, Le septième sceau et Les fraises sauvages qui recevra l’Ours d’Or à Berlin en 1958. Deux « road movies » hantés par les obsessions habituelles du réalisateur (la mort, la solitude, l’incommunicabilité des êtres… que du bonheur) mais avec un traitement radicalement différent. Quand le premier interroge la métaphysique et la religion, le deuxième fait le bilan mélancolique et plus léger de la vie du docteur Isaak Borg à la veille de son hommage public.
C’est un rêve prémonitoire macabre qui déclenche le voyage en voiture d’Isaak avec sa bru. On va alors suivre ce périple qui fait peu à peu évoluer un homme égoïste et hautain se rendant compte à la fin de sa vie de sa profonde solitude. Au travers des séquences oniriques qui s’insèrent avec une pleine fluidité dans le récit, le docteur se rappelle son premier amour, sa jeunesse dorée et son épouse décédée. Trois jeunes gens rencontrés sur la route, puis des conversations sans complaisance avec sa belle-fille et sa mère vont également changer sa façon de voir la vie tout en éclairant d’une nouvelle façon le personnage. Il va peu à peu briser la glace à coup de révélations froides et lucides, de vérités assénées et pleinement assumées.
Et pourtant ce règlement de comptes est assez jubilatoire pour le spectateur. Tout ça est exprimé non sans une certaine ironie et une distance qui nous permet de souffler, et même de sourire (voir les scènes avec la vieille domestique du docteur). Bergman rend ici un vibrant hommage au réalisateur suédois Victor Sjöstrom qui joue avec tendresse le rôle principal et arrive à humaniser un personnage rigide. Quant à Ingrid Thulin et Bibi Andersson, elles entament avec ce film une collaboration fructueuse avec le maître suédois. Elles éclairent de leur beauté le film et apportent une touché de charme non négligeable à un récit sec et implacable. Ainsi, tout en traitant de thèmes profondément graves, Les fraises sauvages est empreint d’une poésie apaisante et rédemptrice qui tranche avec d’autres œuvres bien plus sombres de son réalisateur.
Ma note : ****