Fiche technique
Film français
Date de sortie : 5 avril 2006
Genre : Amélie Poulain trash
Durée : 1h28
Scénario : Albert Dupontel
Musique : Alain Ranval
Directeur de la photographie : Benoît Debie
Avec Albert Dupontel (Roland), Claude Perron (Marie), Nicolas Marie (Duval-Riché), Hélène Vincent (Madame Duval), Roland Bertin (Monsieur Duval), Yolande Moreau (Gina)…
Synopsis : SDF, Roland trouve par le plus grands des hasards un uniforme de policier. Affamé, il l'enfile pour aller manger à la cantine d'un commissariat de police, où il croise une jeune femme sublime et désespérée dont la belle-famille refuse de lui rendre son enfant, à cause de son passé. Ce cas social devient la raison d'exister de notre héros, qui décide de rendre la justice lui-même, endossant son nouvel uniforme.
Mon avis : L’habit ne fait pas le moine… fait-il le flic ?
Autant vous le dire tout de suite : Enfermés dehors est une bombe. Notez qu’avec Albert Dupontel on était déjà prévenu : entre le barré Bernie et l’iconoclaste Créateur le monsieur nous avait montré son talent pour le loufoque et la démesure. Dans ce troisième opus, qu’il qualifie de « cartoon social », il franchit un pas de plus en mêlant à une histoire et un traitement visuel totalement déjantés une satire acide de la société contemporaine. Que du bonheur.
Le film commence donc par un flic qui se suicide. Quand un autre réalisateur aurait pris le parti de choisir un désespéré lambda, Dupontel choisit un policier, symbole de l’ordre et de la sécurité, celui qui est censé nous rassurer quoi…. Bref. Un SDF qui assiste pas hasard à la scène décide de rendre les affaires de notre malheureux à la police. Rembarré, il va finir par endosser le costume du policier pour assouvir sa faim et, de fil en aiguille, rétablir la justice sociale… enfin tout du moins la sienne.
Et il va alors enchaîner une succession de quiproquos tous les plus absurdes et les plus burlesques pour notre plus grand plaisir. À un train d’enfer, Dupontel enchaîne dans Enfermés dehors les gags et les cascades à la manière des plus grands comiques de l’époque du muet. S’il cite souvent pour ce film Charlie Chaplin, ça se ressent visuellement (il a une expressivité dans le visage assez impressionnante) mais aussi, même si le film souffre quelquefois de certaines baisses de régime, dans le rythme d’enchaîner les situations comiques tout en laissant une place importante à l’émotion.
Car Enfermés dehors n’est pas qu’une succession de gags ou de péripéties, il y a aussi une histoire. Celle de Marie en l’occurrence (Claude Perron, actrice fétiche de Dupontel, et à juste titre tant cette actrice a de ressort comique et dramatique), à qui on refuse la garde de son enfant, et qui est prête à tout pour la récupérer. Les scènes où elle tente de prendre contact avec sa fille sont d’ailleurs d’une inventivité et d’une fraîcheur réjouissante. Le film est aussi une réflexion intelligente sur la société d’aujourd’hui et ses laissés pour compte. Nous retrouvons d’ailleurs parmi les sans-abris une partie de la troupe des Deschiens, à savoir Yolande Moreau et Brunot Lochet (à noter aussi si vous faites très attention quelques Monthy Python égarés…).
En gros Enfermés dehors répond à cette question: et vous, que feriez-vous si en enfilant un simple costume le regard autour de vous changeait complètement et vous procurait le pouvoir de changer certaines choses ? À l’instar de l’héroïne du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, et dans une ambiance visuelle qui n’est pas sans le rappeler, Roland/Dupontel balance sa réponse, qui n'est pas moins qu'un pavé brûlant dans la mare. Il est fou ce type, il est fou... et c’est pour ça qu’on l'aime.
Ma note : ****