Film américain
Date de sortie : 15 mars 1972
Titre original : The godfather
Genre : chronique mafieuse
Durée : 2h55
Scénario : Francis Ford Coppola, d’après l’œuvre de Mario Puzo
Musique : Nino Rota
Avec Marlon Brando (Don Vito Corleone), Al Pacino (Michael Corleone), James Caan (Sonny Corleone), Robert Duvall (Tom Hagen), Sterling Hayden (Capitaine de police McCluskey), Diane Keaton (Kay Adams)…
Synopsis : en 1945, à New York, les Corleone sont une des cinq familles de la mafia. Don Vito Corleone, "parrain" de cette famille, marie sa fille à un bookmaker. Sollozzo, "parrain" de la famille Tattaglia, propose à Don Vito une association dans le trafic de drogue, mais celui-ci refuse. Sonny, un de ses fils, y est quant à lui favorable. (allocine)
Mon avis : ainsi vécu Don Vito Corleone
C’est un projet énorme que cette adaptation du best seller de Mario Puzo à laquelle s’attelle la Paramount dès 1970. Les levers de boucliers de nombreuses associations compliquent le montage du film qui échoit finalement à un réalisateur relativement peu expérimenté, Francis Ford Coppola. S’il a déjà dix ans d’expérience derrière lui, les films relativement intimistes qu’il a développé jusqu’alors ne laissaient pas présager qu’il puisse assumer un projet d’une envergure telle que ce Parrain. Après une période d’hésitation, il se lance à fond dans l’aventure, remodelant le scénario avec l’aide de son auteur, imposant un tournage en Sicile et des acteurs de la trempe de Marlon Brando (pas vraiment en odeur de sainteté parmi les studios) et Al Pacino alors pratiquement inconnu au cinéma. Le succès, autant public que critique, dépassera toutes les attentes.
Du roman initial, Coppola veut se concentrer sur une histoire de famille, celle des Corleone. Le récit débute alors que Vito Corleone marie sa fille en grandes pompes. Tous ses proches sont là, y compris les « neveux » pour qui il accomplit diverses tâches plus ou moins licites en contrepartie d’une fidélité qu’il exige sans faille. Il est assisté par ses fils Sonny et Fredo ainsi que de son fils adoptif, Tom Hagen, le « consigliere » de la famille. Son fils cadet, Michael, est quant à lui plus circonspect par rapport aux activités familiales ; accompagné de sa fiancée Kate Adams, il préfère ne pas se mêler à ces affaires.
Il faut dire que c’est bien pratique d’avoir un parrain si on a besoin de régler ni vu ni connu un petit problème personnel. Votre fille s’est fait agressée et vous n’êtes pas satisfait de la justice ? Acteur sur le déclin, vous avez absolument besoin d’un rôle pour remonter la pente ? Faites appel à Don Corleone. Les éléments se construisent ainsi petit à petit jusqu’au coup d’accélérateur que constitue l’intrusion du trafic de drogue dans le business. Parce que Le parrain c’est aussi l’opposition entre deux génération, la tradition incarnée par un bluffant Marlon Brando, toujours à la limite de la caricature mais avec une attitude et un charisme tels qu’ils forcent le respect, et la jeune génération (James Caan qui retrouve pour l’occasion le réalisateur des Gens de la pluie). L’un impose le respect par les liens qu’il tissent autour de lui, n’hésitant pas à utiliser la force mais refusant de s’adonner à des activités qu’il juge malsaines. L’autre veut tout régler par la force et s’imposer sur un marché porteur, quelles qu’en soient les conséquences.
Au milieu de tout ça gravite Michael. S’il ne se décide finalement à aider la famille, c’est quand son père est directement menacé. Al Pacino s’impose alors avec une classe et une présence exemplaire, volant presque la vedette à Marlon Brando. Construisant Le parrain d’une manière brillante, tout en crescendo, Coppola se montre aussi bien à l’aise dans les scènes intimistes comme celle dans le potager entre Vito et son petit-fils que dans ce magnifique final qui fait alterner les images du baptême (on notera pour la petite histoire que c’est Sophia Coppola qui joue le bébé) et celle du règlement de compte particulièrement violent annonçant l’avènement de Michael. Une fin qui résume parfaitement la dichotomie incessante qui ravage les protagonistes, déchirés entre ce besoin de pureté et cette réalité qui les oblige à employer la violence pour s’imposer. Le milieu de la mafia n’a décidément pas finit de nous attirer.
Ma note : ****