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Lifeboat (1944) Alfred Hitchcock

par Neil 9 Mai 2015, 05:29 1940's

Fiche technique
Film américain
Date de sortie : 1er juin 1956
Genre : naufragés en danger
Durée : 1h36
Scénario : Jo Swerlin, d’après l’œuvre de John Steinbeck
Image : Glen MacWilliams
Musique : Hugo Friedhofer
Avec Tallulah Bankhead (Connie Porter), William Bendix (Gus Smith), Walter Slezak (Willy), John Hodiak (John Kovac), Henry Hull (Charles D. Rittenhouse), Hume Cronyn  (Sparks Garrett)…

Synopsis : un navire américain est coulé par un sous-marin allemand. Les survivants gagnent un canot de sauvetage, bientôt rejoints par Willy, un marin appartenant à l'équipage du sous-marin, également naufragé. (allocine)

Mon avis : huis-clos nautique et frissons politiques

La Seconde guerre mondiale déchire le monde occidental en 1943. Alfred Hitchcock décide d’y apporter sa contribution artistique, et demande à John Steinbeck d’écrire un scénario basé sur un article qu’il a lu sur des naufragés. La nouvelle, remodelée car inadaptable au cinéma, deviendra Lifeboat. Soit l’histoire de huit rescapés d’un torpillage d’un cargo par un sous-marin allemand.

Ils sont tous plus différent les uns des autres, s’aiment et se détestent, se méfient l’un de l’autre comme de la peste, et ont d’ailleurs toutes les meilleures raisons du monde de le faire. En cette période de trouble mondial, sur qui peut-on se fier ? Qui est le plus à même de ramener le radeau à bon port ? Et surtout, comme va faire notre bon vieil Alfred pour effectuer sa traditionnelle apparition dans ce long-métrage à déconseiller aux claustrophobe ?

Je laisserai ici cette dernière question sans réponse. Pour le reste, Alfred Hitchcock apporte dans Lifeboat une analyse très aboutie mais aussi sans concession de la situation politique d’alors. Il concentre sur ce petit rafiot entre autres pas moins qu’une prétentieuse et arrogante journaliste, un communiste, un noir, un homme d’affaire qui s’est on s’en doute enrichi avec la guerre, une jeune femme avec son bébé… et un allemand ! Rien qu’avec cette description on imagine aisément les débats d’idées qui vont s’ensuivre.

Et pendant plus d’une heure trente, Alfred Hitchcock ne nous laisse pas une seule minute de répit, multipliant les scènes d’action spectaculaires, les intrigues sentimentales et les tensions dramatiques. Car plus encore qu’un simple défi technique (ce qui est déjà une gageure relevée haut la main), Lifeboat est un film qui amène le spectateur à une subtile réflexion sur le Bien et le Mal, le Droit et la Raison. Loin d’apporter des réponses toutes faites simplement manichéennes ou moralisatrices, tonton Alfred utilise un habile scénario pour mener à bien son délicat travail de manipulation.

Les personnages approfondis de façon excellente permettent aux acteurs de développer un jeu tout en finesse (particulièrement Tallulah Bankhead en superbe peste qui devient peu à peu un peu moins égoïste). Raillé à sa sortie pour sa féroce critique des puissances occidentales en proie au doute au début du conflit, Lifeboat apporte pourtant, et avec des pointes d’humour des plus bienvenues, une réflexion d’une très juste acuité (et force le spectateur à prendre position d’une manière ou d’une autre) sur une situation paroxystique et pourtant oh combien réelle.


Ma note : ****

Lifeboat (1944) Alfred Hitchcock
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commentaires
C
<br /> <br /> La scène d’introduction de Lifeboat est un chef-d’œuvre de concision. La première image nous montre ainsi la<br /> cheminée d’un bateau s’enfonçant lentement dans la mer, dans un jet de vapeur. Puis la caméra glisse au-dessus de l’océan, nous renseignant grâce à<br /> quelques débris sur la catastrophe qui vient d’avoir lieu : un journal nous révèle que le navire venait de New-York, une caisse nous indique qu’il se rendait en Angleterre, le corps sans vie d’un<br /> marin portant un gilet de sauvetage de la Kriegsmarine nous apprend finalement qu’il a été coulé par un sous-marin allemand. Une économie de moyens que l’on n’imagine plus aujourd’hui.<br /> <br /> <br /> Le drame qui va ensuite se jouer sur le canot de sauvetage est à l’image de celui qui secouait le monde à l’époque où Lifeboat a été tourné. La situation des passagers américains et anglais est en effet le reflet de l’impuissance des Alliés à contrer la puissance nazie (on est<br /> en 1943). Face au marin allemand, dont la volonté est tendue vers un seul but, ce sont eux qui, malgré leur supériorité numérique et leurs idéaux, se trouvent en difficulté, en raison de leurs<br /> dissensions, de leurs tergiversations. Willy, par sa duplicité, les emmène exactement là où il le souhaite, comme Hitler avec les démocraties européennes au moment des accords de Munich.<br /> In fine, ils ne devront leur salut (et ne retrouveront leur cohésion) qu’en cédant aux moyens de leur ennemi, qu’ils lyncheront. Un propos équivoque<br /> et provoquant, assez digne du cinéaste, mais qui incita Steinbeck, l’un des auteurs du scénario, à exiger -en vain- que son nom soit retiré du générique.<br /> <br /> <br /> Œuvre de propagande, Lifeboat n’est pas pour autant dénuée d’humour. Celui-ci trouve notamment sa place dans le<br /> traditionnel caméo du réalisateur, qui, après avoir un temps envisagé d’apparaître sous la forme d’un cadavre flottant à la surface de l’océan, opta<br /> pour une solution moins sinistre, en se mettant en scène dans une publicité vantant les vertus d’un produit amaigrissant (Hitchcock suivait effectivement un régime très strict à cette époque). Il<br /> est également présent dans le personnage haut en couleur campé par Tallulah Bankhead, qui se verra, comme de nombreuses héroïnes hitchcockiennes, particulièrement mal traitée.<br /> <br /> <br /> Lifeboat n’est peut-être pas l’œuvre la plus connue du maître du suspense, elle n’en est pas moins une référence, ne<br /> serait-ce que parce qu'elle représente une véritable prouesse scénaristique, le huis-clos, un exercice de style que le cinéaste affectionnait particulièrement (voir La Corde ou Fenêtre sur cour).<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Han il grille la surprise de l'apparition mystère lol !<br /> Moi je trouve justement que cette concision magnifique dont Hitch fait preuve dans le début du film manque énormément à beaucoup de films contemporains.<br /> C'est effectivement une oeuvre qu'on peut considérer de propagande, mais quelle finesse d'analyse, et quelle maestria...<br /> <br /> <br /> <br />
G
Et pour quelques "images" de plus de Sir Alfred:<br /> <br /> http://www.gerard-bertrand.net/index_hitchcock.html<br />
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N
Très originales ces photos, merci "_"
S
Alors là, pas de souci !!! Je mets 10/10 sans discussion étant une inconditionnelle d'Hitchcock :o))))<br /> <br /> Je ne dévoilerai pas comment il apparaît dans le film ;o)<br /> <br /> Bisous
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