Fiche technique
Film américain
Date de sortie : 26 mars 2014
Durée : 1h30
Genre : biographie sulfureuse
Image : Cameron MacDonald
Musique : Michael Cudahy
Avec Divine, John Waters, Ricki Lake, Tab Hunter, Frances Milstead, Michael Musto…
Résumé : enfant, Harris Glenn Milstead était attiré par tout ce qui touchait au féminin. Il aimait les comédies musicales et subissait des intimidations à l’école. À la maison, il jouait à se déguisait en puisant dans la garde-robe de sa mère. Sa rencontre à 17 ans avec John Waters bouleverse sa vie : le jeune grassouillet de Baltimore devient Divine, drag-queen de renommée internationale faisant fi des idées préconçues sur la beauté et les convenances en matière d’apparence physique.
Mon avis : let me be a drag-queen
Certains connaissent notamment en France le réalisateur de I am Divine pour le documentaire Vito, qui retraçait l’histoire de l’activiste LGBT Vito Russo. Mais Jeffrey Schwarz a également tourné Anatomie d’une icône, la biographie de Jack Wrangler, porno star des années 1970 qui tourna à la fois des films gays et des films hétéros. Et Schwarz est également le producteur d’un direct to DVD fameux dans le milieu gay, à savoir Eating out, qui aura droit à plusieurs suites. Il est également le réalisateur d’un documentaire sur John Waters, non sorti en France, et en a produit un dont le sujet principal était Hairspray. Il prévoit bientôt de s’atteler à un film autour de Tab Hunter, un acteur américain qui jouait dans Polyester, le fameux film de Waters qui utilisait la technique de l’odorama.
Lors de l’avant-première de Hairspray, le tout Hollywood se presse pour aller voir le film, et se faire voir aux côtés de John Waters et de Divine ; et pourtant ça n’était pas gagné. Le jeune Glenn Milstead grandit à Baltimore dans les années 1950 ; isolé à l’école, il se sent vite différent des autres garçons qui le lui font bien ressentir, en l’excluant d’autant plus et en lui faisant subir divers actes de harcèlement. Il se construit à l’écart des autres, et se défoule dans son imaginaire et dans ses activités extrascolaires. Il se déguise et se maquille de temps en temps, et met à profit ses talents artistiques naissants pour habiller et pomponner sa petite amie de l’époque, afin qu’elle soit la plus belle lors du bal de fin d’année. Il commence à fréquenter un de ses voisins, John Waters, avec qui il traine entre marginaux dans des virées nocturnes.
Nous découvrons ou nous redécouvrons avec I am Divine toutes les facettes d’un personnage absolument fabuleux, celui de Divine bien entendu. La mise en valeur de cette actrice flamboyante, qui a l’aide de son pygmalion John Waters a poussé les limites de la transgression, ouvrant la porte à bien d’autres trublions, méritait d’être apportée. L’actrice a non seulement osé interpréter des personnages exubérants, et son travestissement a apporté de la visibilité non seulement aux LGBT mais aussi aux obèses. Car il faut appeler un chat un chat, et l’on peut considérer que compte tenu de sa taille, ses 140 kilos étaient au-delà du concept de « gros ». On constate ainsi que le surpoids de Glenn Milstead lui a pesé durant toute son existence ; et sans qu’il parvienne à se persuader de s’en défaire, il l’a utilisé comme un instrument de provocation.
On voit donc dans I am Divine combien ses tenues moulantes, apparemment assumées, ont fait progresser certaines mentalités par l’absurde de ce qu’elles projetaient à l’écran. C’est un des aspects du mécanisme du cinéma de John Waters, qui dynamitait tout le système hollywoodien avec humour. C’est donc plus le parcours de Divine, à la fois au niveau personnel que professionnel, qui donne tout l’intérêt du documentaire. Heureusement que son sujet est bigger than life parce que d’un point de vue formel il faut bien avouer qu’il n’a rien d’innovant. Très américain dans sa facture (on entendant à tour de bras des « amazing », « faboulous », « tremedous »…), le film ne se montre qu’un petit peu original quand il affiche à l’écran comme des pop-up certaines images pour illustrer son récit. Le reste est linéaire et pourrait devenir plat si son personnage principal manquait de piquant, ce qui est loin d’être le cas.
Ma note : **