Fiche technique
Film américain
Date de sortie : 11 janvier 2012
Genre : portrait complexe
Durée : 2h15
Scénario : Dustin Lance Black
Image : Tom Stern
Musique : Clint Eastwood
Avec Leonardo DiCaprio (J. Edgar Hoover), Naomi Watts (Helen Gandy), Armie Hammer (Clyde Tolson), Judi Dench (Anne Hoover), Josh Lucas (Charles Lindbergh), Dermot Mulroney (Le colonel Schwarzkopf)
Synopsis : Le film explore la vie publique et privée de l’une des figures les plus puissantes du 20e siècle, J. Edgar Hoover. Incarnation du maintien de la loi en Amérique pendant près de cinquante ans, il était craint et admiré, honni et révéré. Mais, derrière les portes fermées, il cachait des secrets qui auraient pu ruiner son image, sa carrière et sa vie. (allocine)
Mon avis : Retour sur les origines du Federal Bureau of Investigation
Le scénario de J. Edgar a été écrit par Dustin Lance Black, et ce n’est pas qu’anecdotique. Le jeune scénariste et réalisateur ne s’est en effet pas rendu célèbre que par une sex tape rendue publique par Perez Hilton. Il a également réalisé quelques films et s’est surtout fait connaître grâce au scénario d’Harvey Milk, pour lequel il a reçu un Oscar. Qu’il s’intéresse aujourd’hui à l’une des figures clés des États-Unis, dont l’homosexualité est encore l’objet de débat, n’est donc pas si étonnant que ça. Et c’est finalement assez logique que Clint Eastwood choisisse un tel sujet, lui qui est un pur produit des États-Unis une telle figure ne pouvait que l’intéresser. La complexité du personnage rendait l’aventure encore plus excitante.
À la fin de sa vie, J. Edgar Hoover décide de dicter ses mémoires afin de laisser une trace dans l‘Histoire de son pays. Il raconte ses premiers pas au Bureau of Investigation, quand il avait une vingtaine d’années. Tout commence en 1919, quand des attentats sont perpétrés contre des membres du Congrès et des Officiels. Les bolchéviques sont alors en pleine révolution et des activistes tentent de déstabiliser le pouvoir américain. Profondément marqué par ces évènements, Hoover décide de traquer un par un tous ces criminels qu’il considère comme des dangers pour la Nation. Il vit alors avec sa mère, qui l’éduque de façon stricte et dans le culte de son père. Elle a beaucoup d’ambition pour son fils qui, elle en est persuadée, fera de grandes choses pour son pays. Et petit à petit, Edgar se fait remarquer par ses méthodes efficaces.
La première partie de J. Edgar est assez laborieuse. Trop bavarde, elle s’avère didactique et brouillonne. Les aller-retour incessants entre les années 1920 et les années 1970 compliquent inutilement un récit qui a du mal à se mettre en place. Puis vers la moitié du film (un peu longuet, il faut l’avouer) les choses deviennent de plus en plus intéressantes. Paradoxalement, c’est quand le réalisateur se concentre sur la vie privée de J. Edgar Hoover que l’intérêt du spectateur augmente, alors qu’on ne sait en fait pas grand-chose sur la vie de l’homme.
Il a fait en sorte de demeurer opaque sur son existence de son vivant et même après sa mort peu de choses ont filtré. C’est pourquoi la relation qu’il entretient avec Clyde Tolson peut avoir tendance à agacer au début du film : en pur homme de son temps, il gardait secret ce genre d’accointance. On s‘intéresse donc à l‘humain dans J. Edgar : au-delà de l‘homme public et de ses réalisations, Clint Eastwood cherche à percer le mystère derrière cet homme complexe.
Le trio qu’il entretient avec sa mère (une Judi Dench absolument parfaite en maîtresse femme, dure et exigeante), sa secrétaire (Naomi Watts, méconnaissable) et son probable amant, en tout cas son plus fidèle collaborateur (le choupinou Armie Hammer, qu’on avait pu remarquer en jumeau dans The social network), est absolument passionnant et très bien traité. La performance de Leonardo DiCaprio est encore une fois à saluer, on sent tout l’investissement qu’il a pu avoir dans ce projet, et si ça fait un peu trop actor studio ça n’en est pas moins remarquable. Quant à la mise en scène de Clint Eastwood elle est parfaitement maîtrisée, et les soins apportés à tous les moindres détails accentuent l’intérêt que l’on porte à J. Edgar.
Ma note : ***