
Fiche technique
Film américain
Date de sortie : 2 mars 1988
Genre : homme à femmes
Durée : 2h51
Scénario : Jean-Claude Carrière, d’après l’œuvre de Milan Kundera
Image : Sven Nykvist
Musique : Mark Adler
Avec Juliette Binoche (Tereza), Daniel Day-Lewis (Tomas), Lena Olin (Sabina), Erland Josephson (L‘ambassadeur), Derek de Lint (Franz), Stellan Skarsgard (L‘ingénieur)…
Synopsis : Le Printemps de Prague vu par un jeune chirurgien passionné par son métier, les femmes et une jeune serveuse devenue photographe qu'il finit par épouser. La beauté du célèbre Printemps, l'arrivée des Soviétiques, l'exil a Genève, le retour en Tchécoslovaquie... (allocine)
Mon avis : Hommes, femmes : mode d’emploi
La ressortie en salles de L’insoutenable légèreté de l’être est toujours l’occasion de redécouvrir un film qui avait été une petite révolution à sa sortie. Le bloc soviétique, découvrant le film quasiment sous le manteau juste après la chute du mur Berlin, découvrait également des idées pour beaucoup novatrices. Rarement le point de vue des tchèques sur le Printemps de Prague, et la répression qui suivit n’avaient été vues, le gouvernement de l’ex-URSS prenant soin de cultiver une image négative des révolutionnaires, uniquement considérés comme des provocateurs d’émeutes. Le film comprend un casting international assez improbable avec un réalisateur américain, des acteurs et des actrices britanniques, française, suédois ou néerlandais. Le genre de mélange détonnant qui étaient souvent de mise dans les années 1980, et en l’occurrence ça marche assez bien.

Médecin à Prague, Tomas est un homme à femmes : son pouvoir de séduction est très efficace et il multiplie les maîtresses de façon libérée. Nous sommes en 1968 et sa partenaire la plus régulière, Sabina, partage son point de vue. Ils pimentent régulièrement leurs ébats avec quelques accessoires comme ce chapeau qui symbolise leur relation. Un jour que Tomas est en déplacement pour son travail, il croise une jeune femme serveuse dans un café qui l’attire spontanément. Tereza est avide de culture et s’ennuie profondément dans son petit village. Tomas l’invite à passer quelques temps à la capitale, ce que ne tarde pas à faire Tereza et ils tombent bientôt tous deux follement amoureux l’un de l’autre.
C’est-ce qu’on appelle une adaptation réussie : L’insoutenable légèreté de l’être arrive assez bien à retranscrire l’atmosphère du roman de Milan Kundera. Il faut dire qu’aux manettes se trouve un des adaptateurs les plus talentueux en la personne de Jean-Claude Carrière, qui travailla notamment avec Luis Bunuel. Les thèses du livres n’étaient pas forcément évidentes à mettre en image, et même si l’on ressent parfois une certaine lassitude devant un récit qui se traîne en longueur le résultat reste de qualité. La sensualité qui émane du film est en particulier assez saisissante, la fièvre qui s’empare des corps et la volupté mais également la douleur de la passion que ressentent les personnages nous sont remarquablement bien retranscrites.

L‘un des aspects les plus intéressants de L’insoutenable légèreté de l’être, c’est également le contexte : le film nous rend témoin d‘un des évènements majeurs de l‘histoire contemporaine en Europe. Le Printemps de Prague et la façon dont les russes ont réprimé un espoir naissant est un des moments clés de la guerre froide. Mais le sujet principal du film reste les relations humaines complexes qui peuvent intervenir entre hommes et femmes quand les sentiments entrent en ligne de compte. Daniel Day Lewis campe admirablement un personnage tiraillé entre son désir de légèreté totale, et les dangers que cela peut engendrer. À l’opposé, Juliette Binoche livre ici l’un de ses plus beaux rôles avec cette femme qui n’arrive pas à se défaire de cette pesanteur qui l’anime.
Ma note : ***