
Fiche technique
Film américain
Titre original : Life of Pi
Date de sortie : 19 décembre 2012
Durée : 2h05
Genre : aventures aquatiques
Scénario : David Magee, d'après l’œuvre de Yann Martel
Image : Claudio Miranda
Musique : Mychael Danna
Avec : Suraj Sharma (Pi Patel), Tabu (Gita Patel), Irrfan Khan (Pi Patel adulte), Shravanthi Sainath (Anandi), Rafe Spall (L’écrivain), Adil Hussain (Santosh Patel), Gérard Depardieu (Le cuisinier)...
Résumé : Après une enfance passée à Pondichéry en Inde, Pi Patel, 17 ans, embarque avec sa famille pour le Canada où l’attend une nouvelle vie. Mais son destin est bouleversé par le naufrage spectaculaire du cargo en pleine mer. Il se retrouve seul survivant à bord d'un canot de sauvetage. Seul, ou presque... Richard Parker, splendide et féroce tigre du Bengale est aussi du voyage.
Mon avis : petit manuel de survie en milieu hostile
Durant plusieurs années le projet de L’odyssée de Pi a cherché son metteur en scène. Le roman, L’histoire de Pi, est sorti en 2002 et a été très rapidement un best-seller. Un producteur hollywoodien décide alors de l’adapter pour le cinéma et plusieurs réalisateurs – dont Jean-Pierre Jeunet, M. Night Shyamalan ou bien Alfonso Cuaron - entrent dans la danse. C’est finalement Ang Lee qui est choisi et il met quatre années à finaliser son projet. Il s’y attelle méticuleusement, prenant un soin tout particulier à utiliser les techniques numériques, de la 3D à l’infographie, cherchant le réalisme le plus pointu. Et il faut dire que le résultat est impressionnant : le tigre du Bengale, qui accompagne le héros durant sa traversée, est d’un naturalisme saisissant, tout comme nombre de décors du film.

Un écrivain canadien interviewe un indien pour son prochain roman. Quand il apprend qu'il s'appelle Pi, il lui demande si son père était mathématicien pour lui avoir donné un tel prénom. En fait son père était propriétaire d'un zoo à Pondichéry et c'est son oncle Mamaji qui lui a conseillé un tel nom. En fait cet homme était nostalgique de la piscine Molitor à Paris, et il leur en a tellement dit de bien que ses parents décidèrent de le nommer piscine Molitor. Durant les onze premières années de sa vie le garçon s'est ainsi nommé, jusqu'à ce que ses camarades d'école se moquent de lui, le surnommant « le pisseur ». Il décida alors de se faire appeler Pi, gagnant le respect de ses camarades par le savoir qu’il apprit sur ce nombre mythique. Très tôt, Pi s’intéresse à plusieurs religions, au grand dam de son père laïc.
En regardant le pitch de L'odyssée de Pi, on se demande comment on va bien pouvoir passer plus de deux heures avec un jeune garçon sur un radeau, ayant pour seule compagnie un tigre du Bengale. C'est là où Ang Lee est malicieux : il nous offre une première partie foisonnante, où l'on se perd dans diverses histoires toutes plus riches les unes que les autres, centrées sur son personnage principal. On apprend à connaître le garçon avec qui l'on va passer tout le reste du film, et au moment où la narration se casse nous sommes déjà accrochés.

C'est là que le rythme change totalement et que l'histoire change de cap. À la fin, on se rend compte qu'après diverses péripéties sur le papier pas forcément trépidantes on ne s'est pas ennuyé une seconde. La métaphore finale, remettant les évènements en perspective, boucle alors le récit et l'on aimerait presque revoir tout depuis le début à l'aune de ce que l'on vient d'entendre. L’ensemble de L’odyssée de Pi est ainsi construit à la manière de l’œuvre d’Homère, faisant se succéder les épisodes les uns après les autres. Un grand mysticisme entoure – un peu trop – l’histoire et les éléments du film s’emboîtent les uns aux autres harmonieusement.
Ne reprenant heureusement pas la narration en flashbacks du roman, Ang Lee préfère apporter par petites touches des références, la première partie nourrissant ainsi subtilement la deuxième. Les images sont pour la plupart assez belles (sauf certaines où le numérique est trop flagrant) et la mise en scène retranscrit prodigieusement les péripéties du jeune héros. L’acteur principal est un choix judicieux, il porte L'odyssée de Pi d’une belle manière pour un non-professionnel, tandis que ses colistiers, de célèbres acteurs indiens, lui donne remarquablement la réplique. Un beau film pour les fêtes de fin d’année, en somme.
Ma note : ***