Fiche technique
Film français
Date de sortie : 19 septembre 2012
Durée : 1h35
Genre : coulisses de l’Élysée
Scénario : Étienne Comar
Image : Laurent Dailland
Musique : Gabriel Yared
Avec Jean d'Ormesson (Le Président), Hippolyte Girardot (David Azoulay), Catherine Frot (Hortense Laborie), Arthur Dupont (Nicolas Bauvois), Jean-Marc Roulot (Jean-Marc Luchet), Arly Jover (Mary)
Résumé : Hortense Laborie est une cuisinière réputée qui vit dans le Périgord. À sa grande surprise, le Président de la République la nomme responsable de ses repas personnels au Palais de l'Élysée. Malgré les jalousies des chefs de la cuisine centrale, Hortense s’impose avec son caractère bien trempé. (allocine)
Mon avis : Les goût de l'Autre
Un des points de départ des Saveurs du Palais est l’autobiographie de Danièle Mazet-Delpeuch. Carnets de cuisine du Périgord à l'Élysée fut publié en 1997 et raconte le parcours atypique de son auteure, qui a quitté son Périgord natal en 1988 pour devenir la cuisinière personnelle de François Mitterrand durant deux ans. À la réalisation du film nous retrouvons « le discret » Christian Vincent, huit long-métrages en 22 ans de carrière, dont le dernier opus était le gentillet mais pas mémorable Quatre étoiles, en 2006. Pour écrire le scénario, il se fait aider par Étienne Comar, à qui l’on doit des films aussi différents que Des hommes et des dieux ou bien Les femmes du sixième étage. Ils choisissent ici de s’éloigner de la réalité, ne nommant pas le président et le faisant interpréter par Jean d’Ormesson : un joli pied de nez.
Dans sa ferme du Périgord, Hortense attend des personnages de marque. Le chef de cabinet d’une personnalité politique de haut grade s’est perdu et arrive enfin, la pressant afin de ne pas partir en retard. Ils rejoignent Paris où Hortense est censée rencontrer, rue de Valois, un émissaire du Ministère de la Culture. Mais ce n’est pas la direction que prend la voiture et les voilà arrivant au 55, rue du Faubourg-Saint-Honoré, siège du Palais de l’Élysée. C’est là qu’un conseiller du Président lui présente le poste qu’on lui propose, à savoir de devenir la cuisinière privée du Palais. Étonnée, Hortense se demande bien comment le Président a entendu parler d’elle et accepte, sous la pression cordiale de son correspondant. Elle fait alors la visite des sous-sols de l’Élysée, où une petite vie s’organise quotidiennement.
Le sujet des Saveurs du Palais est très intéressant. Le film nous présente les coulisse d’un lieu de pouvoir hautement confidentiel, où se croisent conseillers présidentiels et petites mains d’exception. On suit avec fascination les premiers pas de cette femme totalement ignorante de ce milieu bien particulier, campée avec beaucoup de naturel par Catherine Frot, que l’on ne s’étonne nullement de voir dans ce rôle. Une femme du peuple classe et avec du caractère : on imagine très bien la direction d’actrice qui a pu être en jeu.
En face d’elle, Jean d’Ormesson fait du Jean d’Ormesson, et l’analogie avec François Mitterrand , si elle le ferait sursauter dans sa tombe, n’est au fond pas si étonnante que ça. Les deux hommes, s’ils ont été durant longtemps opposants politiques, partageaient le goût de la bonne chaire, de la littérature et des femmes. Là où Les saveurs du palais fait preuve d’une subtile malignité c’est que le film ne nous montre les événements que du point de vue d’Hortense. Les apparitions du Président sont finalement assez rares et l’on ne voit qu’avec parcimonie les dorures de l’Élysée.
Ce qui donne l’impression au spectateur d’être une petite souris, à l’image d’une Catherine Frot scotchant son oreille aux portes pour écouter les réactions des convives aux plats qu’elle leur a préparés. Le scénario, des Saveurs du palais s’il n’est pas palpitant, reste tout de même rythmé du début à la fin malgré une double narration inutile. En effet, on ne comprend pas pourquoi le réalisateur et son scénariste ont voulu insérer ces séquences en Antarctique qui n’apportent rien à l’histoire. Certes, cela fait partie de la vie de Danièle Mazet-Delpeuch mais ils auraient pu le raconter brièvement sans cet artifice qui semble plutôt destiné à boucher des trous qu’à donner une réelle cohérence à l’ensemble.
Ma note : **