Fiche technique
Film coréen
Date de sortie : 27 janvier 2010
Titre original : Madeo
Genre : enquête socialisante
Durée : 2h10
Scénario : Park Wun-kyo et Park Eun-kyo
Image : Alex Hong Kyung-Pyo
Musique : Lee Byeong-woo
Avec Kim Hye-Ja (Hye-Ja), Won Bin (Do-joon), Ku Jin (Jin-tae), Yoon Jae-Moon (Je-mun), Mi-sun Jun (Mi-sun), Mun-hee Na (Moon Ah-jung)…
Synopsis : Une veuve élève son fils unique Do-joon qui est sa seule raison d'être. À 28 ans, il est loin d'être indépendant et sa naïveté le conduit à se comporter parfois bêtement et dangereusement ce qui rend sa mère anxieuse. Un jour, une fille est retrouvée morte et Do-joon est accusé de ce meurtre. (allocine)
Mon avis : Les juges et les lois, ça me fait pas peur c'est mon fils, ma bataille
J’ai passé le visionnage de Mother à penser que le personnage principal était interprété par Yoon Jung-Hee, l’actrice de Poetry. Mais pas du tout : c’est ici Kim Hye-Ja qui interprète le rôle de cette mère courage. Il faut dire que cette actrice coréenne a l’habitude de ce genre de rôles puisqu’elle en a tellement interprété à la télévision qu’elle est devenue le symbole de la mère aimante, une icône pour les téléspectateurs coréens. Tout ça pour dire que je suis arrivé vierge devant le film, d’autant que je n’avais pas vu les deux premiers films (tout du moins sortis en France) de Bong Joon-ho, à savoir Memories of murder et The host.
Occupée à sa boutique, située en face de sa maison, Hye-Ja surveille du coin de l’œil son fils Do-jomon et le meilleur ami de celui-ci, Jin-tae. Soudain une Mercedes arrive à vive allure et heurte Do-joon. Effrayée, Hye-Ja s’entaille le doigt pour se précipiter au secours de son fils, tandis que la voiture ne s’arrête même pas. Les deux garçons, furieux, décident de partir à la poursuite du chauffard, laissant Hye-Ja seule. La poursuite se termine dans un club sportif où les riches propriétaires de la Mercedes jouent au golf. Do-joon et Jin-tae recherchent leurs assaillants et les agressent, ce qui les amène au poste de police, où Hye-Ja, qui semble connaître tout le monde, les rejoint quelques temps après.
L’enquête de Mother ne commence qu’à la moitié du film : la première partie expose les faits et les personnages. Cela pourrait paraître long mais au contraire cela apporte beaucoup au film. Tout d’abord car cela permet au spectateur d’apprivoiser les protagonistes de l’intrigue. On ne comprend pas au début pourquoi cette femme est si maternante avec son fils, puis on se rend compte petit à petit à quel point il est mentalement instable. Nous sombrons ainsi progressivement dans l’empathie avec cette héroïne.
Dd’autant qu’elle se bat également contre un système profondément inéquitable, où une enquête policière est sommairement classée et où un avocat semble se soucier des pauvres gens comme de l’an 40. C’est un portrait assez cruel que Bong Joon-ho brosse de la Corée moderne, rongée par les inégalités sociales. La mise en scène de Mother est particulièrement intelligente. Les différentes temporalités de la narration sont savamment mélangées aux moments clés du film, permettant au spectateur de s’immiscer dans l’inconscient des personnages qui se souviennent des évènements.
La musique et la photographie sont de toute beauté, un soin tout particulier est apporté à nous montrer les paysages des provinces coréennes dans lesquelles se déroule l’intrigue. Le personnage principal est campé par une actrice excellente, Kim Hye-Ja, qui avait reçu pour ce rôle le prix de la meilleure actrice aux Los Angeles Film Critics Association Awards. Mother est un polar d’une grande qualité qui réussit de surcroit à montrer combien la société coréenne (ou la société tout court) est gangrenée par l’argent et la pauvreté.
Ma note : ***