Fiche technique
Film autrichien
Date de sortie : 9 janvier 2013
Titre original : Paradies : Liebe
Durée : 2h
Genre : désir d'amour
Scénario : Veronika Franz
Photographie : Wolfgang Thaler
Avec Margarete Tiesel (Teresa), Peter Kazungu (Munga), Maria Hofstätter (Anna Maria), Gabriel Mwarua (Mohammed), Inge Maux (Teresas Freundin), Carlos Mkutano (Salama)...
Résumé : Une autrichienne au corps flasque rêve du prince charmant, si possible jeune et attentionné, et se laisse prendre au piège du tourisme sexuel au Kenya, dans un climat de moiteur turpide et des paysages tellement sublimes qu'ils ne peuvent qu'encourager les mirages.
Mon avis : Vous ne voyagerez plus de la même façon
Premier volet d'une trilogie, Paradis : Amour n'est que le troisième long-métrage de fiction d'Ulrich Seidl. Le réalisateur autrichien a réalisé dans les années 1990 plusieurs documentaires qui déjà annonçaient la couleur. Ils faisaient un portrait peu glorieux d'une humanité, ou tout du moins d'une société occidentale, avide de sexe et d'une solitude à pleurer. Ah oui on ne vous l'a peut-être pas dit mais Seidl est autrichien et les cinéastes locaux ne sont pas connus pour leur tendresse. Il s'attaque ici au portrait d'une femme seule et triste qui se découvre une passion pour l'Afrique et ses éphèbes. Enfin, c'est une vision optimiste du film.
Dans une fête foraine, des autistes jouent aux auto-tamponneuses sous la supervision de Klara. De retour chez elle, celle-ci retrouve sa file et lui demande de faire ses valises. Elle la laisse chez une amie avant de partir au Kenya. Là elle retrouve son amie après avoir tenté d'amadouer quelques singes sur sa terrasse. Sur la plage, elles discutent de l'exotisme du pays et son amie lui vante les mérites des jeunes hommes locaux. Klara ne se sent pas prête pour goûter à leurs charmes mais son amie lui dit qu'elle y viendra tôt ou tard. Puis elles se moquent du barman en lui faisant dire des expressions plus ou moins salaces en autrichien.
Ce que nous décrit Paradis : Amour on le sait déjà, Ulrich Seidl n'invente rien. Le seul mérite du film serait de nous montrer, d'une façon intentionnellement choquante, une réalité que beaucoup ne veulent pas regarder en face. Mais c'est à peu près tout ce que le film fait, et c'est un peu court pour un long-métrage de deux heures. L'argument de l'exploitation des corps et des dérives du tourisme de masse est développé en long, en large et en travers et le réalisateur autrichien ne nous raconte rien d'autre.
On se croirait à des moments dans un documentaire sur le tourisme sexuel et ses ravages : Seidl n'est pas loin d'enfoncer des portes ouvertes. Sans compter le traitement artistique qui est plutôt mince : à part enchaîner les plans fixes, le réalisateur ne développe pas une mise en scène très élaborée. Sans compter aussi le fait que Paradis : Amour n'y va pas avec le dos de la cuiller. Le film multiplie les scène sur-significatives, entre la première qui nous met en scène le personnage principal dans son activité professionnelle, forcément en décalage avec ce qu'elle va faire en Afrique.
Son arrivée dans l'hôtel annonce ensuite lourdement de façon imagée ce qui va lui arriver plus tard. Le réalisateur n'a aucune compassion pour les personnages qu'il montre, les autrichiennes sont toutes plus bêtes et racistes les unes que les autres et les africains sont tous cupides. Paradis : Amour se veut choquant, et une scène l'est tout particulièrement, mais aucune finesse ne tempère le propos et au final on ressort du film certes dégoûté par la nature humaine qui nous est décrite mais surtout énervé par cette absence de subtilité.
Ma note : °
Lisez ici l'opinion plus nuancée d'Ed.