Fiche technique
Film américain
Date de sortie : 11 avril 2012
Genre : rêve fantastique
Durée : 1h29
Scénario : Francis Ford Coppola
Image : Mihai Malaimare Jr.
Musique : Osvaldo Golijov et Dan Deacon
Avec Val Kilmer (Hall Baltimore), Bruce Dern (Bobby LaGrange), Elle Fanning (V), Ben Chaplin (Edgar Allan Poe), Joanne Whalley (Denise), David Paymer (Sam)…
Synopsis : Un écrivain sur le déclin arrive dans une petite bourgade des États-Unis pour y promouvoir son dernier roman de sorcellerie. Il se fait entraîner par le shérif dans une mystérieuse histoire de meurtre dont la victime est une jeune fille du coin. Le soir même, il rencontre, en rêve, l’énigmatique fantôme d’une adolescente prénommée V. (allocine)
Mon avis : Vampires, vous avez dit vampires
L’idée originale de Twixt est venue à Francis Ford Coppola d’un rêve, lorsqu’il séjournait à Istanbul, d‘où le côté onirique du film, totalement assumé par son auteur. Aujourd’hui d’un certain âge, le réalisateur d’Apocalypse now est toujours curieux, il n’a pas envie de s’encroûter dans un académisme formel ni de se coltiner des budgets pharaoniques. Il réinvente constamment sa manière d’envisager le cinéma et de mettre en scène ses films. Si il s’était déjà aventuré dans l’univers du fantastique et des vampires avec Dracula, force est de constater que les deux films ont à la fois beaucoup et peu en commun. C’est la singularité d’un auteur qui refuse de rentrer dans le rang ou de se faire étiqueter.
C’est dans un village perdu des États-Unis que Hall Baltimore vient faire signer son nouveau roman. Écrivain spécialisé dans le fantastique, sa carrière est un peu sur le déclin et il a la bouteille facile. Quand il demande son chemin, on lui répond qu’il n’y pas de librairie dans le village : il se retrouve à tenir un stand dans la quincaillerie du coin. C’est là que le sheriff Bobby LaGrange vient l’aborder pour lui dire toute son admiration. Lui-même est en train d’écrire un roman sur d’étranges évènements qui se sont produits dans son village il y a quelques temps. Bobby aimerait beaucoup travailler avec Hall, mais celui-ci a plutôt envie de raccrocher les crampons pour écrire un livre plus personnel.
L’esthétique développée par Twixt est follement intéressante. Francis Ford Coppola profite du caractère onirique de son récit pour créer un univers visuel très particulier. Se distinguant des scènes se déroulant durant la journée, les séquences de nuit et de rêve sont tournées en nuit américaine, dans un clair de lune bleu acier qui fait ressortir les quelques touches de rouge ou de doré qui y sont intégrées. Le rendu est superbe et convient parfaitement à l’histoire qui nous est racontée, bercée d’ésotérique et d’épouvante.
Mais justement le style visuel imprimé à l’écran apporte une certaine douceur à ces thématiques et renforce l’onirisme du film. Sans compter la 3D, magnifiquement prise en compte par un Francis Ford Coppola qui ne veut pas faire comme tout le monde, et qui a bien raison d’innover dans le champ du numérique. Au début de Twixt, on se croirait dans un roman de Stephen King. Impression malicieusement entérinée par le réalisateur lui-même qui cite le célèbre auteur de science fiction. Car l’humour est constamment présent dans Twixt, une sorte d’autodérision permanente qui permet au film de ne pas se prendre trop au sérieux.
Le mélange de tons, avec l’apparition fantomatique et poétique d’un Edgar Allan Poe parfaitement campé par Ben Chaplin, provoque l’adhésion du spectateur, curieux de voir comment tout ça va bien pouvoir se terminer. Et malgré un léger creux en milieu de film, la tension repart à la fin pour une conclusion très personnelle pour qui connait peu ou prou la biographie de Francis Ford Coppola. Une très belle réussite formelle, un univers fantasmagorique saupoudré d’humour : Twixt est une pépite enthousiasmante.
Ma note : ****