Fiche technique
Film britannique
Date de sortie : 9 mai 2012
Genre : biographie biaisée
Durée : 1h59
Scénario : Alek Keshishian
Image : Hagen Bogdanski
Musique : Abel Korzeniowski
Avec Abbie Cornish (Wally Winthrop), James D’Arcy (Edouard), Andrea Riseborough (Wallis Simpson), Oscar Isaac (Evgeni), Richard Coyle (William Winthrop), David Harbour (Ernest)…
Synopsis : Londres, décembre 1936. Pour devoir épouser l’Américaine Wallis Simpson, déjà deux fois divorcée, le roi Edouard VIII est contraint d’abdiquer. New-York, février 1998. Malheureuse dans son mariage, Wallis Winthrop passe ses journées à la vente aux enchères des objets ayant appartenu au Duc et à la Duchesse de Windsor.
Mon avis : Ce soir on réécrit l’Histoire
Depuis deux ans, Madonna préparait son deuxième film, W./E., après un Obscénité et Vertu qui quoi que l’on pense de la Madonne, n’a pas eu un écho phénoménal. Elle a toujours été fascinée par le couple formé par le duc et la duchesse de Windsor et leur histoire romanesque. Elle se compare même régulièrement à Wallis Simpson, cette femme multi-divorcée qui défraya la chronique mondaine à plusieurs reprise par ses mœurs extravagantes. Ici elle fait appel pour le scénario à Alek Keshishian, son grand ami à qui l’on doit entre autres choses le peu mémorable Love (et ses petits désastres), mais aussi de façon plus anecdotique à ses ex maris Sean Penn et Guy Ritchie. Tout ça est très bling bling, isn’t it.
Tous les jours, Wally Winthrop se rend à l’exposition qui précède la vent aux enchères, chez Sotheby’s, des objets ayant appartenu à Wallis Simpson et à l’ancien et éphémère roi d’Angleterre, Edward VIII. Elle y croise son ancienne collaboratrice, Wally ayant interrompu sa carrière pour devenir femme au foyer. Mais son couple bat de l’aile : elle essaye désespérément de faire un enfant et son mari se comporte très souvent violemment. Lors de ses visites de l’exposition, elle s’imagine la vie de Wallis Simpson, cette femme que sa mère et sa grand-mère admiraient tellement qu’elles l’ont prénommé Wally. Ses rêveries se prolongent tellement tard qu’un des gardiens est obligé de lui dire de rentrer chez elle avant la fermeture.
Ce que nous propose W./E. c‘est une fiction basée sur quelques faits réels, soigneusement choisis par Madonna. La chanteuse réalisatrice est tellement fascinée par son sujet qu’elle omet de nous donner quelques clés historiques relativement importantes pour nous brosser un portrait complet de son objet de fantasmes. Le cœur de son scénario se déroule, en gros, entre 1925 et 1939 donc on peut admettre qu’elle passe de cette date là à l’année 1972 où meurt Edward.
Seulement ce qu’elle oublie de nous raconter ce sont les accointances nazies développées par le couple durant la période de la narration. Seules quelques petites répliques éludent le sujet en nous faisant comprendre que ce ne seraient que des rumeurs. Aucune mention évidemment non plus de la bisexualité d’Edward : la véracité historique de l’ensemble en prend tout de même un coup. C’est dommage car W./E. est visuellement un beau film. Les costumes et les bijoux sont magnifiques (on peut remercier à ce titre Adrianne Phillips, la costumière du magnifique A single man) et on sent qu’un soin tout particulier a été apporté à la photographie.
Mais tout ça n’est qu’un écrin, une façade esthétique qui nous fait encore mieux ressentir le vide du scénario de W./E.. Non seulement on n’apprend rien de la vie de Wallis Simpson (qui est censée être le sujet du film) mais en plus Madonna et Alek Keshishian ajoutent une histoire contemporaine absolument inutile. On se fiche royalement (et c’est le cas de le dire) de la destinée de cette pauvre fille qui aurait dû quitter son mari depuis belle lurette. Les allers et venus dans le temps nous sont grossièrement signifiés par l’intermédiaire des divers objets de l’exposition, et la réalisatrice finit par nous lasser alors qu’elle tenait un sujet qui ne manquait pas d’attrait.
Ma note : *