
Fiche technique
Film américain
Date de sortie : 5 octobre 2011
Genre : cascadeur solitaire
Durée : 1h40
Scénario : Hossein Amini, d’après l’œuvre de James Sallis
Image : Newton Thomas Sigel
Musique : Cliff Martinez
Avec Ryan Gosling (The driver), Carey Mulligan (Irene), Ron Perlman (Nino), Christina Hendricks (Blanche), Bryan Cranston (Shannon), Albert Brooks (Bernie Rose), Oscar Isaac (Standard)…
Synopsis : Un jeune homme solitaire, « The Driver », conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Ultra professionnel et peu bavard, il a son propre code de conduite. Jamais il n’a pris part aux crimes de ses employeurs autrement qu’en conduisant - et au volant, il est le meilleur. (allocine)
Mon avis : Il boit pas, il fume pas, il drague pas… et il cause pas
Présenté au Festival de Cannes 2011, Drive s‘octroie le petit plaisir de recevoir le prix de la mise en scène. Joli parcours pour le jeune Nicolas Winding Refn (il a un peu plus de 40 ans) qui a surpris son monde avec la trilogie Pusher dans la seconde moitié de la dernière décennie. Le réalisateur danois a tout de suite imposé son style et possède de nombreux fans à travers le monde, amateurs de films bourrins et autres séries B qu’il transcende par sa mise en scène subtile. C’est clair que dans l’univers feutré du Palais des Festivals, on a pas forcément souvent l’habitude de voir ce genre de films, et l’on peut remercier les sélectionneurs pour cette audace, certes minime tant l’auteur a déjà fait ses preuves. Reste que ce film est une commande d’Hollywood, et que ça se sent.

Au téléphone, un homme qui se fait appeler The driver précise ses conditions à un de ses clients : il n‘a besoin que de 5 minutes pour l’amener d‘une partie à l‘autre de Los Angeles, il ne veut avoir aucun contact avec lui avant ni après. Arrivé au rendez-vous, il attend qu’un braqueur sorte d’une banque pour ouvrir sa portière. Puis ils attendent son complice qui tarde à arriver. Ensuite commence une cours-poursuite à travers la ville : traqués par la police ils arrivent à s’en sortir après moult cascades. Il rentre ensuite dans son nouvel appartement et croise dans l’ascenseur immeuble sa nouvelle voisine, Irène. Celle-ci a un jeune fils et semble mère célibataire.
Il n‘y a pas à tortiller du cul dire : Drive est un film stylisé qui a de la classe. Ce n’est finalement pas tellement étonnant que le film ait récolté le prix de la mise en scène : si prix il fallait lui donner c’est celui-là qu’il méritait. La photographie de Newton Thomas Sigel, entre autres collaborateur de longue date de Bryan Singer, est tout à fait maîtrisée. Nous sommes en présence d’un petit objet qui peut être amené à devenir culte : à l’image de son personnage principal, le film est taiseux et sobre. Il ne raconte que l’essentiel de son scénario (c’est-à-dire pas grand chose) et ne s’embarrasse pas de psychologie ni de fioritures.

C’est efficace, du bon film d’action à l’ancienne : les noms de Clint Eastwood ou Michael Mann peuvent être évoqués sans qu'ils aient à en rougir. Mais Drive possède les limites de ses qualités. C’est un film de genre absolument bien maîtrisé, mais il reste un film de genre. Une expression pas particulièrement parlante, d’ailleurs, quel genre peut-on se demander, mais bref passons. Reste que son propos est assez circonscris : on peut parler de film vain, tout du moins qui n’a pas de prétention. C’est bien, il ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas, mais on peut aussi rester sur sa faim : ne prenons pas nous non plus le film pour plus qu'il n'est.
Une chose également gêne, et c’est encore une fois lié à son exercice de style et au genre auquel il appartient, c’est son rapport à la violence. Drive cultive en effet une esthétique de la violence, n’hésitant pas à insister sur les actes cruels exécutés par son personnage principal. Aucun commentaire, aucun second degré, aucun humour, et aucun indice qui transparait dans la façon de filmer des gestes d’une rare férocité légitimés par leurs victimes, des brutes épaisses. Quelque peu manichéen, sans morale de façon assumée, ou tout du moins avec sa propre morale, le film ravira sans nul doute les amateurs du genre et reste un beau petit objet de cinéma, mineur.
Ma note : **