
Fiche technique
Film français
Date de sortie : 2 novembre 2011
Genre : renaissance
Durée : 1h52
Scénario : Éric Toledan et Olivier Nakache
Image : Mathieu Vadepied
Musique : Ludovico Einaudi
Avec François Cluzet (Philippe), Omar Sy (Driss), Anne Le Ny (Yvonne), Audrey Fleurot (Magalie), Clothilde Mollet (Marcelle), Salimata Kamate (Fatou)…
Synopsis : À la suite d’un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate, engage comme aide à domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison. Bref la personne la moins adaptée pour le job. Ensemble ils vont faire cohabiter Vivaldi et Earth Wind and Fire, le verbe et la vanne, les costumes et les bas de survêtement… (allocine)
Mon avis : La banlieue s’invite chez les bourgeois
Moment de solitude durant la projection d‘Intouchables. Une salle entière rit aux éclats, applaudit à tout rompre et l'on sourit vaguement en gardant son sang-froid. Sans doute faut-il être un de ces pisse-froids incapables de se lâcher, reste que l'on demeure de marbre devant cette histoire. Pourtant le récit est fort et le projet est sincère : c’est en découvrant un documentaire sur Philippe Di Borgo que les réalisateurs ont eu envie de développer le film. Cet homme tétraplégique a recruté pour s’occuper de lui un jeune homme issu d’une banlieue défavorisée qui va lui redonner goût à la vie. Et puis on avait de quoi bien aimer le dernier film d’Eric Toledano et Olivier Nakache, Tellement proche. Ben non, le film n'a pas fonctionné.

Dans un luxueux bureau parisien, une femme fait passer des entretiens de motivation pour recruter l’auxiliaire de vie de Philippe, un homme tétraplégique. Les candidats se suivent et ne se ressemblent pas, mais leurs argumentaires ne tiennent pas la route. Entre ceux pour qui l’aide à la personne confine au bénévolat et ceux qui ne cherchent qu’à se faire de l’argent, aucun ne convient pour le poste. Lassé de poireauter dans la salle d’attente, un jeune homme fait irruption dans le bureau. Il veut juste faire signer un papier pour les Assedic, disant qu’il ne convient pas pour le poste, afin de percevoir ses indemnités de chômage à la fin du mois. Amusé, Philippe fait mine de lui demander de passer le lendemain matin pour récupérer sa feuille. En fait, il a d’autres projets pour lui : le jeune l’a piqué au vif.
Dans le principe, Intouchables est un beau projet. Donner une autre image de la banlieue, montrer que l’insertion est possible avec un minimum de bonne volonté, faire rire sur le handicap au lieu de rester sur un traitement compassé. Tout ça, on le valide complètement, intellectuellement. Reste que le film ne parvient pas à tenir ses objectifs. L’humour est présent, mais se cantonne à une volée de vannes sorties par un Omar Sy en verve. L’humour à la Service après-vente qui est ici pratiqué est marrant cinq minutes, mais tout un film ça devient lourdingue. Toutes les vannes ne sont pas du meilleur goût, et si on apprécie le caractère franc-tireur et anticonformiste de pas mal d'entre elles, il faut bien avouer que certaines tombent à plat.
Nombreuses des situations qui nous sont présentées sont grossières et tirées par les cheveux : l’artillerie lourde des clichés est utilisée, alors même que le film s’attache à déconstruire certains clichés… ce qu’il arrive d’ailleurs parfois, mais à grand renfort de grosses ficelles. En fait Intouchables manque sévèrement de finesse, à la fois dans l‘humour et dans la mise en scène. On se croirait souvent dans un mauvais téléfilm, où aucun soin ne serait porté au cadre et à l’image. C’est souvent efficace, tel cette scène d’ouverture assez brillante, ou cette soirée d'anniversaire, mais la plupart du temps on ne va pas dans la dentelle.
Et pourtant les acteurs sont très bons : autant on connait les qualités de François Cluzet et son talent pour camper tous types de personnages, autant la performance d’Omar Sy mérite d’être saluée. Et un tropisme envers les seconds rôles amène à ne pas oublier ici l’excellente Anne Le Ny et la remarquable Audrey Fleurot, qu’on avait remarquée dans la série Engrenages. Pour résumer, l’histoire est belle en soi, et le caractère véridique renforce le respect que l’on se doit d’avoir devant un tel objet, mais il faut bien avouer qu’un peu plus de soin dans la réalisation n’aurait pas nui à Intouchables.
Ma note : *