
Fiche technique
Film italien
Date de sortie : 20 avril 2011
Genre : douce folie
Durée : 1h33
Scénario : Ugo Chiti et Wilma Labate
Image : Daniele Cipri
Avec Ascanio Celestini (Nicola), Maya Sansa (Marinella), Giorgio Tirabassi (Le pensionnaire de l‘asile), Luisa de Santis (La sœur), Nicola Rignanese (Le père), Barbara Valmorin (La grand-mère)…
Synopsis : Nicola est né dans les années 1960, « les fabuleuses années 1960 », et le monde qu’il voit à l’intérieur de l’institut psychiatrique n’est pas très diffèrent de la réalité que vivent les gens à l’extérieur. Un monde toujours plus vorace, où la seule chose qui semble ne pas pouvoir se consommer, est la peur. (allocine)
Mon avis : Mais vous êtes fous ? Oh oui !
Jusqu’en 1978, les patients psychiatriques italiens n’avaient pas le droit de citoyenneté et étaient parqués dans des asiles. De nombreux films ont évoqué cette question, en particulier Amarcord ou bien Nos meilleures années. C’est également le sujet de La pecora nera, premier long-métrage d’Ascanio Celestini. Cet auteur est assez connu en Italie pour ses pièces de théâtre et se décide à adapter un de ses écrits au cinéma. Il avait d’ailleurs mis en scène La pecora nera au théâtre de la ville il y a quelque mois.
Nicola est un enfant fragile. Sa mère est internée dans un hôpital psychiatrique et il vit avec son père et ses deux frères bergers. A l’école, il est un peu lent et sa maitresse hésite à le faire redoubler. Il est surtout amoureux de la plus belle fille de la classe, Marinella, qu’il séduit maladroitement avec son univers bien particulier. Un jour qu’il se retrouve avec ses frères, ceux-ci le mettent dehors pour recevoir une putain. Au bout d’un certain moment elle sort de la maison, vexée de comprendre que les jeunes hommes ne veulent pas la payer. Quand arrive les carabiniers, Nicola se trouve dans une position délicate, ne voulant pas mentir aux forces de l’ordres mais ne voulant pas non plus dénoncer ses frères.
Le charme de la comédie italienne se dégage complètement de La pecora nera. Les dialogues sont souvent drôles et le truculent acteur (également réalisateur) campe son personnage de façon très malicieuse. Il nous embarque facilement dans un univers onirique très riche peuplé de personnages forts. La grand-mère italienne est typique, la nonne qui dirige l’hôpital psychiatrique tient son petit monde d’une main de fer. Sur un sujet très lourd, le film parait ainsi insouciant et l’atmosphère ainsi que les histoires parallèles (l’amourette entre le héros et son amie d’enfance en particulier) allègent beaucoup ce qui pourrait être plombant.
Car le sujet principal de La pecora nera n’est pas drôle du tout, et le réalisateur l’amène de façon particulièrement judicieuse. On ne comprend pas au premier abord ce qui se passe en profondeur, et les logorrhées verbales de Nicola peuvent vite énerver. Ce n’est qu’après-coup, quand on comprend les tenants et les aboutissants, que l’on se rend compte de beaucoup de choses et on est alors amené à se faire le film à l’envers. L’émotion étreint alors et le drame qui se trame a de quoi nous bouleverser. La finesse de jeu des acteurs se révèle ainsi et le film prend toute sa dimension, profondément humaine et attachante. Ce petit film fragile nous apparait alors comme un bijou, une œuvre prégnante dont on a du mal à sortir, et qui nous fait réfléchir longtemps après.
Ma note : ***