
Fiche technique
Film italien
Date de sortie : 22 mai 2013
Durée : 2h22
Genre : divagations mondaines
Scénario : Umberto Contarello
Image : Luca Bigazzi
Musique : Lele Marchitelli
Avec Toni Servillo (Jap Gambardella), Sabrina Ferilli (Ramona), Carlo Verdone (Romano), Iaia Forte (Trumeau), Carlo Buccirosso (Lello Cava), Pamela Villoresi (Viola)...
Résumé: Rome dans la splendeur de l’été. Jep Gambardella – un bel homme au charme irrésistible malgré les premiers signes de la vieillesse – jouit des mondanités de la ville. Il est de toutes les soirées et de toutes les fêtes, son esprit fait merveille et sa compagnie recherchée. Journaliste à succès, séducteur impénitent, il a écrit dans sa jeunesse un roman qui lui a valu un prix littéraire et une réputation d’écrivain frustré. (allocine)
Mon avis: Rome, ville fermée
Depuis quasiment dix ans, Paolo Sorrentino est sélectionné au Festival de Cannes, en l'occurrence en 2013 c'était pour La grande bellezza. Et en cinq participations, notons tout particulièrement le Prix du jury en 2008 pour Il Divo. Du réalisateur transalpin, on sait qu'il est né en 1970 à Naples, et qu'une grande partie de ses films mettent en vedette Toni Servillo. L'acteur se fait rare mes ses apparitions son souvent remarquées et il bénéficie d'une cote de popularité assez impressionnante. Ici, l'origine napolitaine du réalisateur l'a peut-être en un sens aidé à montrer une ville fermée sur elle-même, dans le sens où le regard qu'il porte sur la ville de Rome en était sans doute moins affecté que s'il en était originaire. Car c'est bien elle, Rome, le personnage principal du film, que l'on tente de cerner durant toute la projection.

Jep fête ses soixante-cinq ans au cours de fête monumentale, sur une terrasse qui surplombe Rome. Lorsqu'il revient au petit matin dans son appartement avec vue plongeante sur le Colisée, il demande à sa femme de ménage de ne le réveiller qu'à quinze heures. Il assiste le lendemain à une performance d'art contemporain où une femme se jette sur un mur avant de dire au public qu'elle les déteste tous. Il l'interviewe pour un magazine et elle lui un discours mystique que Jep n'apprécie pas vraiment. Il tente de la désarçonner en mettant en avant le ridicule de ses paroles mais elle se vexe et demande qu'un autre journaliste viennent faire l'entretien. Quand il montre la retranscription de ces échanges à son éditrice, celle-ci s'en amuse ; ils bavardent et dînent ensuite ensemble sur un coin de table.
Ce qu'arrive très bien à capter La grande bellezza, c'est ce paradoxe romain, à la fois ville éternelle et contemporaine. Sa modernité ne frappe pas les yeux du touriste, tel ce japonais qui tombe foudroyé par la beauté de ses monuments sans imaginer la vulgarité des fêtes qui se déroule quasi simultanément et à quelques pâtés de maisons. Nous y sommes embarqués violemment, et la caméra de Paolo Sorrentino ne cessera de virevolter de débauche en débauche jusqu'à tout aussi violemment se poser lors d'une virée nocturnes parmi les merveilles dont regorge l'antique cité.

Et le film de ne cesser de balancer entre deux eaux, nous guidant via son personnage principal, dandy désabusé en quête de sens. À l'image de La dolce vita, nous ne pouvons que constater la futilité de la vie mondaine face à l'éternité immuable de l'art. La direction artistique de La grande bellezza est d'une beauté à couper le souffle, en particulier lorsque la caméra nous montre les beautés de Rome. Car entre deux intermezzo oniriques qui font se croiser quelques freaks, une girafe ou des flamands roses, nous sont proposées quelques échantillons de la grandeur de la cité.
On retiendra par exemple cette villa magnifique dans laquelle déambule une comtesse désargentée qui vit dans le souvenir d'un temps perdu. On retient également certaines scènes, qui tiennent parfois de la démonstration de force, comme celle où le héros, pour contrer une de ses contradictrice, lui assène une diatribe, la laissant partir humiliée. Envoûtant, La grande bellezza se traîne parfois en longueur mais laisse derrière lui un parfum de souffre capiteux et enivrant.
Ma note : ****
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