
Fiche technique
Film italien
Date de sortie : 4 mai 2011
Titre original : La solitudine dei numeri primi
Genre : adolescents boutonneux
Durée : 1h58
Scénario : Saverio Costanzo, d’après l’œuvre de Paolo Giordano
Image : Fabio Cianchetti
Musique : Mike Patton
Avec Alba Rohrwacher (Alice), Luca Marinelli (Mattia Balossino), Arianna Nastro (Alice adolescente), Vittorio Lomartire (Mattia adolescent), Isabella Rosselini (Adèle Balassino), Aurora Ruffino (Viola)…
Synopsis : 1984, 1991, 1998, 2007. Autant d'années qui séparent la vie de Mattia et d'Alice. Deux enfances difficiles, bouleversées par un terrible événement qui marquera à jamais leur existence. Entre leurs amis, leur famille et leur travail, Mattia et Alice sont malgré eux rattrapés par leur passé. (allocine)
Mon avis : Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie
Décembre 2010 : une amie qui habite Toronto est de passage à Paris. Elle me demande ce que j’ai pensé de La solitude des nombres premiers, un film qu’elle a a-do-ré. Solitude du blogueur cinéphile qui n’a jamais entendu parlé d’un film. Il faut croire que le film italien, qui a eu le Prix spécial du jury à la Mostra de Venise, est sorti au Canada bien avant sa sortie en France. Sortie qui fut d’ailleurs assez confidentielle : j’ai eu de la chance de pouvoir le voir encore à l’affiche près d’un mois après. Un joli petit film ma foi sur les douleurs de l’adolescence et ses potentielles séquelles.

À l‘âge de 8 ans, Matteo se retrouve sur une scène de théâtre avec sa sœur jumelle Michele. Celle-ci, déficiente mentale, prend peur en arrivant sur scène et Matteo court lui porter secours. À la même époque, Alice se retrouve avec ses parents aux sports d’hiver. Toute fière de skier avec son papa, elle le rejoint avec ses amis au restaurant et cherche du regard sa mère, qui se tient à l’écart. Sept ans plus tard, Matteo croise dans son nouveau lycée Alice, qui boite. Ses amies la moquent d’ailleurs sans arrêt à cause de sa particularité physique, et elle se referme de plus en plus sur elle-même. Matteo a lui aussi du mal à se faire de nouveaux amis et fuit tout contact humain.
La période de l‘adolescence est très bien décrite dans La solitude des nombres premiers. Ce moment clé de la vie, où se forge, paraît-il, notre personnalité, est montré dans toute sa cruauté. Et qu’on ne me fasse pas croire que les filles sont plus charitables que les mecs envers leurs comparses : entre Carrie et ce film, le doute n’est plus permis. Le balancement entre plusieurs époques, très bien réalisé par un montage astucieux, nous permet de voir l’évolution des deux personnages principaux.

On comprend ainsi petit à petit, à travers quelques moments clés de leurs vies, ce qui va les amener à devenir asociaux et totalement handicapés des sentiments. L‘une des scènes les plus poignantes de La solitude des nombres premiers est d‘ailleurs une scène de famille apparemment banale. La mère de Matteo, joliment incarnée par Isabella Rossellini, explique à son mari combien ses enfants ont pesé dans sa vie (propos d’ailleurs assez étonnants dans nos sociétés actuelles qui célèbrent la maternité).
Évidemment, Matteo écoute aux portes et se sent encore plus rejeté. Cette très bonne analyse de l’âge ingrat laisse ensuite place à une intrigue un peu mollassonne destinée à mettre en valeur la révélation finale, celle qu’on attend depuis le début. Hélas, la résolution finale de l’intrigue tombe un peu à plat. Dommage car La solitude des nombres premiers possède de nombreuses qualités, dont celle de nous présenter des personnages attachants aux destins peu habituels.
Ma note : **