
Fiche technique
Film américain
Date de sortie : 28 avril 2010
Genre : chronique acide
Durée : 1h38
Scénario : Todd Solondz
Photographie : Edward Lachman
Avec Shirley Henderson (Joy), Ciaran Hinds (Bill), Allison Janney (Trish), Michael Lerner (Harvey), Charlotte Rampling (Jacqueline), Rich Pecci (Mark)…
Synopsis : 10 ans ont passé après les épreuves qu'a traversées la famille Jordan. Joy, qui découvre que son mari Allen n'est pas encore guéri de ses problèmes d'addiction, aimerait trouver du réconfort auprès de sa mère et de ses sœurs Trish et Helen, mais celles-ci ont leurs propres problèmes...(Allociné)
Mon avis : Pardonnez-vous les uns les autres parce que vous avez péché
Les films de Todd Solondz scrutent le pathétique, voire l’immonde chez l’être humain. Depuis Bienvenue dans l’âge ingrat on ne surprend plus à voir dans ses films dépressives en manque d‘affection et frustrés qui luttent contre leur instinct. Avec Life during wartime, Solondz part des personnages de Happiness qu’on retrouve 10 ans plus tard sous les traits de nouveaux acteurs. Et le réalisateur part de ce constat : depuis le 11 septembre l’Amérique est en guerre, et cette guerre n’est pas seulement menée en dehors de ses frontières, mais aussi à l’intérieur même du pays. C’est une guerre au quotidien contre les absurdités du monde qui nous entoure, et que chacun mène avec ses propres armes.
Joy est une jeune femme un peu dépressive : on la retrouve attablée avec son mari Allen, pleurant comme une madeleine alors qu‘il tente de lui faire une déclaration pathétique. Puis survient une serveuse qui reconnait Allen et le traite de tous les noms. La sœur de Joy, Trish, est une femme comblée : mère de famille épanouie elle a enfin retrouvé l’amour auprès d’un homme qui n’est certes pas beau mais au moins est-il « normal » : il faut dire que son ex-mari était un pédophile. Quant à Helen, la troisième sœur de la famille, elle vit hors du monde dans un palace où elle mène sa triste vie de paranoïaque psychorigide.
Triste est encore une fois le constat de Todd Solondz dans Life during wartime: l‘humanité qu‘il nous dépeint guérit son mal-être à coup d’anxiolytiques et d‘auto-flagellation. Mais on sent que le réalisateur éprouve de plus empathie avec ses personnages : à la distance ironique qui irradiait ses premiers film fait maintenant place une certaine douceur. Une certaine grâce émerge de certaines scènes et l’émotion point quand on ne l’attend plus. Solondz n’en reste pas moins mordant et caustique, usant du comique de situation comme peu arrivent à le faire avec un tel sujet. Il use aussi de tout son talent dans la mise en scène pour nous fournir des cadres propres, des plans symétriques et des images bien léchées, prenant ainsi toute la distance dont il a tout de même besoin pour nourrir son propos.
Au casting de Life during wartime on retrouve une bande de comédiens très en verve, à commencer par Allison Janney. Cette excellente actrice qu’on a pu voir récemment chez Sam Mendes ou Jason Reitman trouve ici enfin un rôle important et humanise un personnage rigide dont la recherche absurde de normalité pourrait taper sur les nerfs. On retrouve aussi la toujours aussi belle Charlotte Rampling dans une courte scène révélatrice du film, alors qu’un personnage masculin en quête de rédemption (tous les personnages du film le sont) s’abandonne dans ses bras pour après le lui faire cher payer. Tant de névroses concentrées en un seul film pourrait nous faire flipper, et pourtant on sort du film sonné mais en quelque sorte rassuré sur nos propres petits questionnements intérieurs. La vie est une lutte, oui, alors battons nous ensemble et pas les uns contre les autres.
Ma note : ***