
Fiche technique
Film français
Date de sortie : 4 janvier 2012
Genre : ma déchéance à moi
Durée : 1h20
Scénario : Cyril Mennegun
Image : Thomas Letellier
Avec Corinne Masiero (Louise Wimmer), Jérôme Kircher (Didier), Anne Benoit (Nicole), Jean-Marc Roulot (Paul), Marie Kremer (Séverine), Frédéric Gorny (Le manager de l‘hôtel)…
Synopsis : Après une séparation douloureuse, Louise Wimmer a laissé sa vie d’avant loin derrière elle. À la veille de ses cinquante ans, elle vit dans sa voiture et a pour seul but de trouver un appartement et de repartir de zéro. Armée de sa voiture et de la voix de Nina Simone, elle veut tout faire pour reconquérir sa vie. (allocine)
Mon avis : Je suis dans la merde et je vous emmerde
Étonnant premier film que ce Louise Wimmer. De son réalisateur, Cyril Mennegun, on ne connait pas grand-chose. Réalisateur de documentaires depuis dix ans, il signe ici son premier long-métrage de fiction. Son interprète principale, Corinne Masiero, est également une illustre inconnu ou presque. Elle est jusque là apparu régulièrement dans des petits rôles au cinéma ou à la télévision, en parallèle de sa carrière au théâtre. Et pourtant elle obtient en 2011 deux prix d’interprétation certes dans des festivals modestes (à Zurich et à Dieppe) mais non moins mérités. On comprend le réalisateur qui, dès qu’il a vu l’actrice dans un téléfilm a pensé à elle pour incarner ce rôle de femme battante et courageuse.

En retard une fois de plus à son travail de femme de chambre dans un hôtel, Louise Wimmer est fatigué. Elle vient de passer une nuit de plus dans sa voiture et peine à trouver un appartement. Les assistantes sociales qui se succèdent lui fournissent toujours le même argumentaire, à savoir qu’elle n’est pas prioritaire. C’est que Louise a sa fierté, et refuse de confier sa réalité quotidienne à quiconque, pas même à son amant régulier qui lui pose pourtant toujours les mêmes questions. Elle se débrouille avec Nicole, la tenancière du bar du coin qui lui réceptionne son courrier et lui tient une ardoise pour ses maigres consommation. Le reste c’est débrouille et compagnie, tout en faisant patienter du mieux qu’elle peut l’huissier qui la harcèle.
La simplicité et l’épure, tel est le cocktail efficace de ce Louise Wimmer. On ne sait rien de cette femme de 50 ans, ni comment elle s’est trouvée dans cette galère (même si on se doute que la rupture d’avec son mari doit y jouer un rôle certain), ni pourquoi elle refuse systématiquement une main tendue ou un geste d’affection de ses proches. Car de l’affection, elle en a besoin, et une scène magnifique où elle se lâche complètement suffit à nous le montrer.

Mais non, en une rapidité foudroyante (le film dure moins d’une heure et demie) le réalisateur parvient à nous tenir en haleine et à nous faire éprouver de l’empathie pour cette femme noble qui résiste jusqu’au bout pour garder le moindre atome de dignité qui lui reste encore. Et finalement on se fiche de savoir pourquoi elle en est arrivée là, l'important est bien le moment présent qu'on partage avec elle entièrement. La réussite de Louise Wimmer tient bien sûr énormément à Corinne Masiero. Le film ne la quitte pas d’une semelle, la caméra la suit toujours au plus près et ne laisse rien passer de ses traits ni de son anatomie.
Défiant les canons traditionnels, on trouve incroyablement belle cette femme de 50 ans, digne héritière d’une Gena Rowlands de la grande époque. L’actrice joue ici une partition absolument parfaite, tendue vers son objectif et nous réservant de beaux moments de grâce tels les scènes où la danse reste son seul apaisement. Signalons également le travail remarquable apporté à la bande son durant Louise Wimmer, non seulement sur la musique (Nina Simone bien entendu, mais également une reprise de Rodolphe Burger d’une grande qualité) mais aussi sur tout l’environnement acoustique, parfaitement intégré. Un film à recommander, à n’en pas douter.
Ma note : ****