
Fiche technique
Film français
Date de sortie : 8 janvier 2014
Durée : 1h40
Genre : biopic ampoulé
Scénario : Marie-Pierre Huster et Jacques Fieschi, d'après l’œuvre de Laurence Benaïm
Image : Thomas Hardmeier
Musique : Ibrahim Maalouf
Avec Pierre Niney (Yves Saint Laurent), Charlotte le Bon (Victoire Doutreleau), Guillaume Gallienne (Pierre Bergé), Laura Smet (Loulou de la Falaise), Nikolai Kinski (Karl Lagerfeld), Marie de Villepin (Betty Catroux)...
Résumé: Paris, 1957. À tout juste 21 ans, Yves Saint Laurent est appelé à prendre en main les destinées de la prestigieuse maison de haute couture fondée par Christian Dior, récemment décédé. Lors de son premier défilé triomphal, il fait la connaissance de Pierre Bergé, rencontre qui va bouleverser sa vie. Amants et partenaires en affaires, les deux hommes s'associent trois ans plus tard pour créer la société Yves Saint Laurent.
Mon avis: papier glacé pour people triés sur le volet
Il est peu de dire que la genèse d'Yves Saint Laurent fut mouvementée. Lors du marché du festival de Berlin en février 2013, deux projets concurrents s'inspirant de la vie d'Yves Saint Laurent sont dévoilés. L'un, réalisé par Jalil Lespert, a l'aval de Pierre Bergé, tandis que l'autre, mis en scène par Bertrand Bonnello, non. Deux photographies des acteurs principaux circulent, et Pierre Niney tout comme Gaspard Ulliel sont ressemblants. À la suite d'une guerre plus juridico-commerciale qu'artistique, c'est le projet « officiel » qui prend temporellement le dessus, le tournage et la date de sortie du second étant retardées. Les producteurs, voulant éviter de répéter l'erreur commerciale ayant amené la sortie, à une semaine de décalage, de deux projets concurrents faisant remake de La guerre des boutons.

Des « événements » font rage en Algérie en cet été 1956 mais Lucienne Saint Laurent ne fait qu'en entendre vaguement parler par ses amies. Celles-ci lui évoquent surtout son fils, qui lui rend visite. Il est à Paris assistant-modéliste à la maison Dior, prenant en charge certaines créations pour la Couture et son talent fait de plus en plus parler de lui. Un an plus tard, le célèbre créateur meurt, l'ayant désigné comme son successeur. Yves Saint Laurent n'a que 21 ans, ce que nombre de journalistes ne cessent de lui répéter, mais il assume. Sa première collection fera beaucoup jaser, et aux premiers rang du défilé, un homme observe le jeune héritier. Il s'agit du financier Pierre Bergé, qui par l'entremise d'une de ses amies se retrouve à dîner dans un restaurant avec lui. Leurs premiers échanges ne sont d'ailleurs pas des plus cordiaux.
Même après la vision du long-métrage, on se demande quel est le point de vue d'Yves Saint Laurent. Comme une flopée de biopics pas ou peu réfléchis, le film ne fait que dresser le catalogue de vingt ans de la vie du célèbre créateur, sans subjectivité ni d'ailleurs objectivité puisque nul ne peut rendre compte de l'entièreté d'une existence, ou ne serait-ce que d'une période dans la vie d'une personne. Ainsi, le film égrène des événements à la suite les uns des autres, certains attendus, d'autres moins.

Nous avons évidemment droit à la « collection Mondrian », au styliste posant nu pour Jeanloup Sieff, au smoking pour femmes, au questionnaire de Proust ou au défilé des « Ballets russes ». On dirait que le film a été pensé pour plaire à un public international, mettant l'accent sur la marque YSL plutôt que sur son protagoniste. On pourrait dire la même chose sur le casting d'Yves Saint Laurent. Déjà, le film n'est dans ses dialogues que name-dropping : dans toutes les scènes on entend ou on voit Loulou de la Falaise, Karl Lagerfeld ou bien Bernard Buffet (entre autres).
Ainsi Yves Saint Laurent est un défilé incessant de personnalités de l'époque qui apparaissent ou disparaissent au gré d'une intrigue maigre où ils n'ont qu'un rôle d'accessoire. Et par jeu de miroir évidemment, pour interpréter toutes ces personnes tellement connues il faut des acteurs et des actrices que l'on dit « bankable ». Là encore, Charlotte le Bon ou Marie de Villepin plairont chacune à un public bien ciblé, tandis que Guillaume Gallienne apportera la caution artistique. Quant à Pierre Niney, il n'est que posture : à quelques moments on sent de l'authenticité, et c'est là qu'il s'approprie le plus son modèle, le reste du temps il se contente de l'imiter.
Ma note : °