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J’enrage de son absence (2012) Sandrine Bonnaire

par Neil 27 Octobre 2012, 05:31 2010's

Fiche technique
Film français
Date de sortie : 31 octobre 2012
Durée : 1h38
Genre : deuil impossible
Scénario : Jérôme Tonnerre
Image : Philippe Guilbert
Avec William Hurt (Jacques), Alexandra Lamy (Mado), Augustin Legrand (Stéphane), Françoise Oriane (Geneviève), Jalil Mehenni (Paul), Norbert Rutili (Le notaire)

Résumé : Après dix ans d’absence, Jacques ressurgit dans la vie de Mado, aujourd’hui mariée et mère de Paul, sept ans. La relation de l’ancien couple est entachée du deuil d’un enfant, et lorsque Jacques, qui n’a pas refait sa vie, rencontre Paul, c’est un choc. La complicité de plus en plus marquée entre les deux finit par déranger Mado qui leur interdit de se revoir.

Mon avis : Les effets désastreux de la perte d’un enfant sur un esprit tourmenté

La dédicace à la fin de J’enrage de son absence est simple : à ma mère. Il faut dire que Sandrine Bonnaire a développé son deuxième film à partir d’un personnage qu’elle a connu durant son enfance. Un homme qui était lié à sa mère, mais elle n’en savait pas plus. Quand elle a eu 20 ans elle a recroisé cet homme dont la vie avait basculé et elle s’était dit qu’elle écrirait une histoire autour de lui. C’est donc une fiction qu’elle nous propose, où elle brode très librement à partir de son vécu. L’actrice fétiche de Maurice Pialat semble aujourd’hui choisir ses rôles avec parcimonie et a l’air très épanouie dans son métier de réalisatrice : après son documentaire Elle s’appelle Sabine, elle s’aventure sur le chemin de la fiction, décision que la sélection de son film à la Semaine de la critique semble encourager.

Dans sa voiture, Jacques épie deux garçons qui jouent au bas de leur immeuble. L’un d’entre eux vient accidentellement heurter la voiture quand son copain a fait semblant de lui tirer dessus. Le garçon rejoint sa mère qui l’amène à l’école, toujours sous le regard distancié de Jacques. Celui-ci rentre chez lui où la femme de chambre, Geneviève, l’accueille avec son courrier. Il se plonge dans ses dossiers mais semble la tête ailleurs : il ne va pas tarder à appeler Mado, la mère qu’il a suivi le matin même de sa voiture. Elle travaille sur un plateau logistique, dans un monde d’homme où elle a l’air de gérer la situation. Quand Jacques l’appelle, ils conviennent d’un rendez-vous et se retrouvent bientôt dans un bar, autour d’un café. Ils ne tardent pas à reparler de leur ancienne liaison, et de leur fils mort il y a huit ans.

Le propos de J’enrage de son absence est assez amer. Une grande dureté se dégage du film, où l’on a du mal à trouver une quelconque embellie pour ses personnages. Le thème choisi par Sandrine Bonnaire – le deuil d’un enfant - n’est pas gai et elle le traite d’une façon très juste. Reste que son regard sur les personnages peut paraître dur. Aucune échappatoire ne semble leur être destiné et leur caractère très marqué les empêche de progresser. C’est en particulier le cas de Jacques, superbement interprété par un William Hurt habité, qui s’enferme dans son entêtement.

C’est sans doute le but de la réalisatrice que de nous montrer ce processus psychologique inéluctable, qui peut éventuellement trouver un certain échappatoire à la fin du film. Mais tout ce qui a précédé contredit tellement ce semblant d’optimisme que l’on a du mal à y croire. Du point de vue de la mise en scène, J’enrage de son absence ressemble beaucoup à sa réalisatrice. Le film est sobre et sans éclat stylistique, exactement tel que l’on peut imaginer une œuvre de Sandrine Bonnaire.

Elle qui a tourné avec quelques-uns des plus grands noms du cinéma français a réussi à imposer sa marque discrète et assez élégante. Sa direction d’acteur est précise et efficace, on a rarement vue Alexandra Lamy aussi juste et émouvante. L’erreur de casting semble toutefois celle d’avoir choisi Augustin Legrand, qui a l’air de se mouvoir difficilement et qui a du mal à transmettre ses émotions. J’enrage de son absence repose pratiquement intégralement sur les épaules de William Hurt, qui est de la plupart des plans et qui l’assume visiblement volontiers. Son visage triste et fatigué nous suit longtemps après la projection.

Ma note : ***

J’enrage de son absence (2012) Sandrine Bonnaire
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commentaires
M
<br /> Tu as raison Neil, je sors de la séance et j'ai trouvé ça fort ! D'accord avec toi pour Augustin Legrand qui est juste ok, alors que les trois autres acteurs sont parfaits !<br />
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N
<br /> <br /> C'est vrai que les autres acteurs et actrices sont au top.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> L'un des trois films que je veux voir cette semaine ! Aaargh, tant de films et trop peu de temps. Tes trois étoiles donnent envie d'y aller ...<br />
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N
<br /> <br /> Voui c'est un bon petit film, je pense que tu ne seras pas déçu :)<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Après une première partie sobre et classique, j'ai trouvé la dernière particulièrement bonne et efficace, tout comme la fin excellente. Je ne suis pas d'accord avec toi quant à Augustin Legrand.<br /> Il me semble très bien dans son personnage.<br />
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N
<br /> <br /> Moi je l'ai trouvé particulièrement mauvais, je me suis demandé pourquoi elle l'avait choisi...<br /> <br /> <br /> <br />
W
<br /> J'avais réservé pour l'AVP de jeudi mais n'ai pas eu la motivation de me déplacer. Apparemment ça aurait valu le coup...<br />
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N
<br /> <br /> Oui ça vaut le coup. Je ne m'attendais pas à grand chose mais finalement j'ai apprécié ma séance.<br /> <br /> <br /> <br />

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