Film britannique
Date de sortie : 1er mai 1967
Genre : révélation photographique
Durée : 1h50
Scénario : Michelangelo Antonioni et Tonino Guerra d’après l’œuvre de Julio Cortazar
Musique : Herbie Hancock
Photographie : Carlo Di Palma
Avec David Hemmings (Thomas), Vanessa Redgrave (Jane), John Castle (Bill), Sarah Miles (Patricia), Peter Bowles (Ron), Jane Birkin (La blonde)…
Synopsis : Dans le Londres des années soixante, Thomas, photographe de mode très dans le vent, prépare un album réaliste sur la capitale britannique. C’est ainsi que, dans un parc, il prend en cliché un couple d’amoureux. Mais la jeune femme Jane exige les négatifs, allant jusqu’à s’offrir à lui pour les récupérer. (Allociné)
Mon avis : La preuve par l’image
Tout d’abord on peut trouver ça étonnant : imaginer Michelangelo Antonioni réaliser un film dans le swinging London, c’est comme demander à Bruno Dumont un film sur les nuits d’Ibiza. Et le taciturne réalisateur de L’avventura de porter durant la première partie de Blow up un regard de quasi-entomologiste sur une société du paraître et de l’instant. Thomas, le photographe incarné par David Hemmings, empli de fatuité et de condescendance, représente ainsi parfaitement cet univers de la mode qui commence à prendre tellement d’importance.
Dans une introduction qui traîne (volontairement) en longueur, on va le suivre dans ses pérégrinations londoniennes : sortant d’un asile de clochards où il a travaillé toute la nuit il se rend au studio où l’attend une top-modèle (ancienne maîtresse ?) avec qui il fait une séance photo à forte charge érotique. Puis il la quitte, méprisant, pour une autre séance où il se montre tout aussi odieux avec d’autres mannequins. Le cadre est posé, le caractère du futile personnage principal est présenté. Durant le reste de Blow-up, Michelangelo Antonioni nous montrera sa progressive prise de conscience de la vacuité de son existence. Tout commence avec ces fameux clichés pris à la dérobée et dont personne, ni Thomas ni le spectateur n’imagine l’importance. La scène de la révélation (le terme est ici particulièrement adéquat) est d’ailleurs remarquable : Thomas est d’abord attiré par l’aspect général des photos pour petit à petit s’intéresser à quelques infimes détails qui vont lui faire reconsidérer ce qu’il a vu (ou cru voir).
C’est là tout le propos de Blow up : le film nous fait nous questionner sur le sens des images et sur leur portée. Dans une société qui a tendance à mettre aux nues un David Hamilton, quel est le rôle du photographe, si tant est qu’il en ait un. Et où se situe la frontière entre réalité et fiction ? David Hemmings interprète d’ailleurs très bien les divers stades de l’artiste qui passe du spectateur-voyeur au protagoniste qui croit pouvoir par son travail avoir prise sur le réel pour finalement se rendre compte (très belle scène finale) de la fine frontière qui sépare réalité et illusion. À ses côtés, Vanessa Redgrave s’impose, lumineuse dans un rôle sans doute plus complexe qu’il n’y paraît. La photographie de Carlo DiPalma, futur chef opérateur attitré de Woody Allen, est superbement maîtrisée, tandis que certaines scènes (notamment le concert avec Jimmy Page ) vont vite devenir cultes. Figurant parmi les meilleurs films de Michelangelo Antonioni, Blow up n’a certainement pas volé son Grand prix au Festival de Cannes.
Ma note : ****