Film japonais
Date de sortie : 5 novembre 1997
Genre : mélodie mortelle
Durée : 1h43
Scénario : Takeshi Kitano
Image : Hideo Yamamoto
Musique : Joe Hisaishi
Avec Takeshi Kitano (Yoshitaka Nishi), Kayoko Kishimoto (Miyuki, la femme de Nishi), Ren Osugi (Horibe), Susumu Terajima (Nakamura), Tetsu Watanabe (Tesuka), Hakuryu (Yakusa), Yasuei Yakushiji (Criminel)
Synopsis : Le détective Nishi avec son regard grave et sa fausse tranquillité, a la mort dans l'âme. Terriblement traumatisé par la fin prochaine de sa femme victime d’une maladie incurable et la paralysie d'un de ses collègues, blessé au cours d'une fusillade et sans cesse tenté par le suicide, Nishi quitte la police.
Mon avis : peindre ou faire de l’humour
Depuis belle lurette reconnu dans son Japon natal, Takeshi Kitano aura donc dû attendre 1997 pour voir son cinéma s’imposer sur la scène internationale. Cette année le jury du festival de Venise a le bon goût de récompenser Hana bi en lui décernant le lion d’or du festival. Kitano devient alors petit à petit une sorte de coqueluche des festivals de cinéma, comme si on découvrait tout d’un coup un auteur aux histoires à la fois poétiques et lucides sur le monde d’aujourd’hui.
Tous les personnages d’Hana bi sont hantés par la mort : la fille de Nishi, policier de son état, est morte prématurément, sa femme est atteinte d’une maladie incurable. Quant à ses coéquipiers, l’un d’eux a été tué en service sous les yeux de Nishi (qui rend visite régulièrement à sa jeune veuve) et un autre, devenu paralysé suite à une fusillade, se retrouve seul et suicidaire. Nishi décide alors de quitter la police et de faire quelque chose pour essayer de soulager tout un chacun. Pas bien comique le pitch hein… ine vous faut pas se fier aux apparences.
Parce que derrière ce sujet grave qui plane sur Hana bi se cache un traitement d’une infinie délicatesse et des scènes d’un humour dévastateur. Kitano déambule tel un clown blanc dont le visage à moitié paralysé renforce l’effet comique de son personnage. Pourtant Nishi n’est pas un boute-en-train, au contraire : peu bavard, il navigue dans un univers cher à Kitano, un univers fait de policiers, de yakusa et de violence. Beaucoup de sang gicle en effet durant le film, en particulier dans les flash-back nous dévoilant petit à petit la vie de Nishi. Celui-ci a une révélation quand il s’entend dire que sa femme n’a plus que quelques jours à vivre : il va tout faire pour améliorer sa fin de vie.
Par des subterfuges qui donnent lieu à des scènes très amusantes, où l’on rencontre les personnages décalés qu’affectionne Takeshi Kitano, Nishi va permettre à son ancien équipier d’assouvir sa passion secrète de la peinture. Peintre lui-même, Kitano, qui expose d’ailleurs ses œuvres dans ce film, a toujours attaché une importance particulière à cet art (confère Dolls). De nombreuses scènes d'Hana bi ont d’ailleurs une esthétique très picturale tout à fait magnifique. Quant à sa femme, Nishi décide de lui faire profiter de ses derniers moments en lui faisant vivre des petits moments éphémères de bonheur, juste pour le plaisir. Il la fait rire avec son humour à froid irrésistible, il lui montre des feux d’artifices au bord de la mer (Hana bi signifie feu d’artifices en japonais)… par des petites touches délicates, cet homme qu’on croirait dur et insensible se révèle plein d’attention pour sa femme. Un hymne à la vie et à l’amour : on en redemande.
Ma note : ****