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Jean Genet, le contre-exemplaire (2012) Gilles Blanchard

par Neil 20 Octobre 2012, 05:59 2010's

Fiche technique
Documentaire français
Durée : 59 min
Genre : portrait croisé
Scénario : Gilles Blanchard
Image : Pierre Maïllis-Laval et Gilles Piquard
Musique : Michael Marchetti et Hélène Martin
Avec Abdellah Taia, François Sagat, Saul Williams, Laure Adler, Albert Dichy, Arthur Nauzyciel...


Résumé : Loin des hagiographies classiques, et à la faveur du centenaire de sa naissance en 2010, Jean Genet, le contre-exemplaire conjugue au présent l’œuvre et le parcours de celui qui fut à la fois voleur, poète et pédéraste.

Mon avis : Rencontres au cœur d'une œuvre complexe

Pour le centenaire de la naissance de Jean Genet, Arte diffusait en décembre 2010 un documentaire de Gilles Blanchard dénommé Jean Genet, le contre-exemplaire. Pratiquement deux ans plus tard, il était diffusé au Festival Chéries-Chéris. L'intérêt du film est de voir un aspect du poète qu'on nous montre rarement dans les médias. On entend surtout parler de lui par l'intermédiaire de ses frasques en tout genre, souvent liées à l'homosexualité dans la bouche de ceux qui les profèrent. Or c'est un personnage hors normes, avant tout marginal et pourfendeur de la contre-culture. Il s'investissait de façon très forte dans des causes qui lui tenaient à cœur, au risque de le payer de sa personne, et il fut à de nombreuses reprises incarcéré. Une figure atypique de la littérature, et tout à fait passionnante.

Dans une chambre d'hôtel, Abdellah Taia commente les images de son voyage au Maroc. Il est allé sur la tombe de Jean Genet, comme il l'avait écrit dans un de ses romans alors qu'il ne l'avait pas encore fait. Nous y apprenons que sa tombe, située dans un cimetière chrétien, est la seule à se tourner vers La Mecque et l'on aperçoit, de façon ironique, une prison se dresser tout proche. À Saint-Brieuc justement un homme lit aux détenus des extraits du Condamné à mort. L'homme explique à son auditoire que Genet avait écrit son roman en l'honneur de Maurice Pilorge, alors incarcéré à la prison de Saint-Brieuc et guillotiné le 17 mars 1939. Il leur raconte quelques éléments de la vie de l'auteur et leur demande ce que cette existence longtemps passé en prison leur évoque.

Le parti-pris de Jean Genet, le contre-exemplaire est sans doute une des meilleures idées du documentaire. Gilles Blanchard interroge des personnalités multiples, connues ou pas, qui ont été touchées ou qui sont concernées par les textes de Jean Genet. Et le réalisateur ne manque pas de nous illustrer ses propos par des passages des livres de l'auteur, lus par les protagonistes. Ce qui nous offre de belles séquences où par exemple des prisonniers lisent Le condamné à mort et nous donnent leur vision du texte.
 

Une initiative qui n'aurait sans doute pas déplu à l'auteur tant elle nous montre des détenus non dénués d'intelligence, qui prennent du recul par rapport au texte, se montrent parfois critiques et analysent souvent de façon fine un texte a priori pas très abordable. Tous les aspects de la personnalité de l'auteur sont présentes dans Jean Genet, le contre-exemplaire. L'écrivain était tout à la fois français amoureux du Maroc, homosexuel (ou plutôt pédéraste comme la majorité des personnes de l'époque disaient), défenseur des classes opprimées, des noirs, des palestiniens.

Et en aucune façon Jean Genet, le contre-exemplaire n'en fait un saint : certes la métaphore de la sainteté est abordée de façon parfois ironique mais toujours en rapport avec les textes de Jean Genet. Au contraire, les débats sont très ouverts et l'on cherche plutôt à comprendre ce qui dans les textes de l'auteur a touchés les personnalités interviewés. De façon assez étonnante, l'orientation sexuelle, si elle apparaît en surface durant tout le documentaire, n'est abordée de front que durant un court moment. C'est la séquence la moins forte du film, où François Sagat nous lit platement quelques extraits : l'occasion de nous montrer ses fesses ? On aurait pu s'en passer.


Ma note : ***

Jean Genet, le contre-exemplaire (2012) Gilles Blanchard
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