Fiche technique
Film américain
Date de sortie : 29 février 2012
Genre : perturbations psychologiques
Durée : 1h41
Scénario : Sean Durkin
Image : Jody Lee Lipes
Musique : Daniel Bensi et Saunder Jurriaans
Avec Elizabeth Olsen (Martha), John Hawkes (Patrick) , Sarah Paulson (Lucy), Brady Corbet (Watts), Maria Dizzia (Katie), Hugh Dancy (Ted), Christopher Abbott (Max)…
Synopsis : Après avoir fui une secte et son charismatique leader, Martha tente de se reconstruire et de retrouver une vie normale. Elle cherche de l’aide auprès de sa sœur aînée, Lucy, et de son beau-frère avec qui elle n’avait plus de contacts, mais elle est incapable de leur avouer la vérité sur sa longue disparition. (allocine)
Mon avis : La jeune fille qui voulait vivre sa vie
Présenté au Festival de Sundance en janvier 2011, Martha Marcy May Marlene y était très remarqué, et, fait assez rare pour être remarqué, le film était également sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes la même année. Pour son premier film Sean Durkin décroche donc la timbale et se place parmi les espoirs du cinéma indépendant. Le film est d’ailleurs très calibré « indy » : acteurs peu connus (mise à part la sœur des jumelles Olsen, c’est dire), thème atypique (l’endoctrinement sectaire, pour faire court) et ambiance minimaliste. Un temps pressenti pour les nominations aux Oscars, le film devrait activer le buzz autour de son réalisateur et de ses acteurs, leur promettant un bel avenir.
Un beau matin, Martha quitte la communauté où elle vivait jusqu’alors. Elle traverse les bois alentours et se réfugie dans un diner où elle commande à manger. Elle se fait rattraper par un des membres de la communauté et réussit à lui échapper pour donner un coup de fil. D’abord réticente, elle finit par accepter la proposition de sa sœur Lucy de l’héberger. Fatiguée, elle va se coucher sans lui donner d’explication. Au matin, elle rencontre le nouveau mari de Lucy et raconte qu’elle vient de quitter son petit ami, avec qui elle vivait dans les Catskills. Elle se souvient alors du moment où elle est arrivée dans la communauté et de la relation de séduction qui s’opérait alors avec Patrick, l’un des piliers de l’endroit.
L’un des atouts phares de Martha Marcy May Marlene est sa mise en scène, très délicate. Le réalisateur prend un soin absolu de ne pas nous fournir tous les éléments clés en main, ce qui déstabilise au début mais prend tout son sens au fur et à mesure que l’intrigue se met en place. Les souvenirs épars de Martha se conjuguent à sa situation présente et créent une confusion voulue chez le spectateur : nous appréhendons ainsi peu à peu l’état d’esprit de l’héroïne.
C’est donc par petites touches impressionnistes que nous est contée cette histoire, qui ne se dévoile d’ailleurs pas entièrement. De nombreux pans de la narration sont volontairement laissés de côté, laissant le spectateur imaginer et se raconter la propre histoire de cette jeune fille tourmentée. Car le sujet de Martha Marcy May Marlene mérite également le coup d’œil : on ne parle pas tous les jours de la propagande exercée par les sectes, encore moins de façon aussi subtile.
En aucun cas les dialogues du film ne laissent transparaitre de jugement quant à ce qu’a vécu Martha, seules les images qui nous sont présentée nous permettent de nous forger une opinion. Les personnages de Martha Marcy May Marlene ne sont d’ailleurs pas clairement bons ni mauvais : on est sans cesse partagé entre l’empathie et la défiance envers l’héroïne, et ses anciens compagnons de route semblent dans le discours la laisser libre de décider ce qu’elle veut faire de sa vie. Et c’est bien là que le propos de Sean Durkin s’avère fin : il analyse très bien les mécanismes qui sont en jeu et les rapports de force qui poussent certains à s’embrigader malgré eux dans des congrégations pas très orthodoxes qui les mènent peu à peu à la dérive.
Ma note : ***