Fiche technique
Roman français
Année de parution : 1951
Genre : roman d’amour historique
316 pages
Edité chez Plon
Synopsis : à la fin de son règne, l'empereur Hadrien adresse le récit de sa vie à son petit-fils adoptif, Marc Aurèle, qu'il a choisi pour successeur. Très vite, le vagabondage d'esprit se structure, se met à suivre une chronologie, ainsi qu'une rigueur de pensée propre au grand personnage.
Mon avis : l’amour comme fil rouge d’une existence exemplaire
Commencé en 1924, ce n‘est que trente ans plus tard que Marguerite Yourcenar va publier l‘un de ses plus beau livre , Mémoires d‘Hadrien. Elle hésite un temps à écrire sur le poète astronome persan Omar Khayyam qui vécu en Iran au Xe siècle. Mais finalement c’est sur la figure de l’empereur romain Hadrien (76-138) que se porte le choix de la romancière. Un choix qui lui est dicté par la personnalité même de l’empereur, un pacifiste éclairé qui en ses temps troublés pour l’Europe semblait un exemple à suivre pour l’écrivain née en Belgique et morte aux États-Unis.
Hadrien, à la fin de sa vie, se décide à écrire pour Marc-Aurèle, qui a 17 ans et prendra plus tard la succession d‘Hadrien, les mémoires de sa vie. Il commence par ses premières années de militaire et les liens qu’il noue avec l’empereur Trajan, épousant une de ses nièces. Trajan le choisira finalement comme son successeur et Hadrien devient ainsi l’un des empereurs romains les plus influents. Il voyage beaucoup en Asie et étend ainsi l’empire romain, n’hésitant pas à unifier les peuples plutôt qu’à les combattre. C’est lors d’un de ces voyages qu’il rencontre Antinoüs, un jeune berger bithynien qui deviendra le grand amour de sa vie.
La vie d‘Hadrien est tout à fait passionnante, et on comprend tout à fait ce qui a plu à Marguerite Yourcenar pour consacrer tant d‘années de sa vie d‘écrivain à ces Mémoires d'Hadrien. L’homme en lui-même est intéressant : il est plein de sagesse et de culture, mais c’est aussi un être charnel et plein de contradictions. On ressent tout cela dans l’évocation que fait la romancière à travers ce récit à la première personne. Hadrien, au crépuscule de son existence, a besoin de coucher sur le papier cette existence qui lui échappe : il le fait tant pour Marc-Aurèle, qui aura bien besoin de ses préceptes, que pour lui-même qui n’a plus que ses souvenirs pour le rattacher à la vie.
C‘est avec beaucoup de justesse que l‘homme d‘état évoque ses aventures, n‘hésitant pas à mettre en avant ses faiblesses comme ses qualités. On imagine parfaitement grâce à l’écriture imagée de Marguerite Yourcenar quel valeureux guerrier Hadrien a pu être, mais aussi l’époux infidèle et peu aimant qui délaissait sa femme Sabine. On ressent surtout à travers tout le roman l’amour inconditionnel qu’il a pu ressentir envers le jeune éphèbe qu’était Antinoüs. En cela, Mémoires d’Hadrien peut être considéré comme un roman d’amour : un amour éternel, qui transcende les genres et les années. À l’évocation du culte que lui voue Hadrien, on pense à toutes ses sculptures qui ont été façonnées à l’image d’Antinoüs, et on remercie Marguerite Yourcenar. On la remercie aussi et surtout de rappeler à notre mémoire de quel bois se chauffe un homme d’état véritable, éthique, juste et pacifiste. Un exemple à suivre pour de nombreux autres.
Ma note : ****