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Vampyr (1932) Carl Th. Dreyer

par Neil 20 Février 2015, 06:44 1930's

Fiche technique
Film français
Genre : chasse aux vampires
Durée : 1h23
Scénario : Carl Th. Dreyer et Christian Jul, d’après l’œuvre de Joseph Sheridan Le Fanu
Image : Rudolph Maté
Musique : Wolfgang Zeller
Avec Maurice Schutz (le seigneur du château), Julian West (David Grey), Sybille Schmitz (Léone), Rena Mandel (Gisèle), Jan Hieronimko (le docteur), Henriette Gérard la femme dans le cimetière)…

Synopsis : Un vieil homme offre a David un livre sur les vampires. Or, dans le château du vieillard vivent deux femmes dont l'une, gravement malade, porte d'étranges blessures au cou. (allocine)

Mon avis : parce qu’il n’y a pas que Browning et Murnau dans la vie

Lorsqu’on évoque la genèse du cinéma de vampires, on a coutume de parler des remarquables Nosferatu de Murnau ou Dracula de Tod Browning. Moins de Carl Theodor Dreyer, qui signe pourtant en 1932 ce bien beau Vampyr. Alors certes, on n’attend pas forcément à première vue le réalisateur danois, fervent chrétien, dans ce registre. Sortant de son fameux Jeanne d’Arc il choisit pourtant de réaliser pour son premier film parlant cette adaptation de l’auteur irlandais Joseph Sheridan Le Fanu, auteur fantastique du XIXe siècle. Un échec qui lui vaudra, soit dit en passant, une période de vache maigre jusqu’à Jour de colère.

David Grey est un jeune homme plein d’imagination, qui nourrit une fascination pour les mythes ancestraux. Son séjour dans la petite bourgade de Courtempierre sera d’ailleurs riche de mésaventures. Eveillé par d’étranges bruits par une sombre nuit, il échoue dans un château étrange habité par un vieil homme et ses deux filles. À la mort du vieillard, David se met à lire un livre qu’il a écrit racontant l’histoire des vampires et la façon de s’en débarrasser. L’étrange maladie d’une des fille du châtelain confirmera l’impression bizarre que ressentait le jeune homme ; il se décide alors à porter plus loin ses recherches.

Le film de Dreyer porte en lui une ambiance expressionniste parfaitement maîtrisée, et qui soutient de très belle façon son propos. Le jeu sur les ombres et lumières est d’une qualité toute remarquable dans Vampyr, on se croit tout du long comme rescapé d’un rêve éveillé, ou devrait-on dire d’un cauchemar prenant. La scène où sont évoquées les hallucinations du personnage principal est d’ailleurs absolument fabuleuse. La mise en scène, avec en particulier ce jeu de perspective en contre-plongée focalisée sur le point de vue du narrateur est assez novatrice pour l’époque.

Le thème de la religion si cher à Dreyer est évidemment présent en filigrane, avec les notions de réincarnation et de rédemption, mais n’accapare pas le film, loin de là. La trame principale de Vampyr respecte scrupuleusement les codes du genre, avec son lot de pieux et autres succion dans le cou. L’impression générale dégagée par le film reste la terreur, mais ça reste une impression diffuse, Dreyer n’insistant pas trop lourdement sur le côté horrifique du sujet. Certaines scènes restent néanmoins ancrées dans la mémoire, tel celle se déroulant dans le cimetière ou la scène scellant le destin du personnage du médecin.

La photographie de Rudolph Maté est une fois de plus époustouflante, jouant parfaitement avec le noir et blanc impeccable. La musique de Wolfgang Zeller ajoute quant à elle de façon éclatante à l’étrangeté du film . À y regarder de plus près, ce Vampyr est donc une petite perle qui mérite bien ses lettres de noblesses aux côtés de celles des pères fondateurs du genre fantastique au cinéma.

Ma note : ****
Vampyr (1932) Carl Th. Dreyer
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commentaires
C
<br /> <br /> Le plus grand cinéaste de tous les temps pour moi. Chacun de ses films est une merveille de rigueur. Et j'ai la chance d'avoir quelques films assez rares de lui, achetés chez Danish Film classic<br /> (distribué par Filmmuseum). Les muets sont sous-titrés en anglais, donc accessible... Je dois en passéder une douzaine, dont La passion de Jeanne d'Arc (édition Criterion), Mikael, le coffret Mk2<br /> (avec Le maître du logis, Vampyr, Ordet, Gertrud, Jour de colère), Pages arrachées du livre de Satan, Le président, Il était une fois. Autant de film pour lesquels je dois faire une critique...<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Je reste à chaque fois fasciné par les film de Dreyer également : sa riguer est effectivement absolument bluffante. J'avoue que je lui préfère Bergman mais tous deux sont<br /> des maîtres absolus.<br /> <br /> <br /> <br />
G
Bravo pour ta critique qui réhabilite à juste titre ce film de vampire méconnu mais somptueux.
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N
<br /> Merci, oui c'est aussi bien parfois de parler de films moins connus. :)<br /> <br /> <br />
B
J'en avais entendu parler à un cours de Français me semble-t-il. Peu importe, j'avais déjà entendu dire que c'était un classique du genre. Ton avis ne fait que me le confirmer et si je tombe dessus, je n'hésiterai pas à le regarder.
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N
Oui, un classique à ne pas rater. Comme tous les Dreyer que j'ai vu d'ailleurs.
E
Le titre est sublime ! Je rêve de voir ce film, depuis des lustres. Je suis sûr qu'il est inoubliable. Et ta chouette critique nous fait partager ton enthousiasme, merci beaucoup ! :-) Oserai-je te conseiller Onibaba, qui me semble te convenir ?
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N
Oui c'est un beau titre, même si je ne sais pas comment on le prononce (du coup je dis "Vammpüür" komunkon lol ) Ose donc me conseiller, d'autant que je n'ai vu aucun film de Shindo et que ça me botte pas mal !
B
Depuis que j'ai du lire "Le cinéma de la cruauté" de Bazin pour un cours, j'ai bien envie de découvrir ce Dreyer... Je me laisserai donc tenter dès que l'occasion se présentera :-)
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N
Ah, je ne connais pas ce livre. Je crois que je n'ai d'ailleurs jamais lu les écrits de Bazin sur le cinéma. C'est tentant...
M
J'ai bien envie de le voir, mais question bête, on peut trouver ça en DVD ? Question subsidiaire, est-ce que tu as vu Metropolis (je n'ai pas trouvé de critique de ce film sur ton blog) ?
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N
Oui, les éditions MK2 l'ont sorti en DVD en France en tout cas. Sinon je n'ai malheuereusement jamais vu Metropolis, mais j'aimerais beaucoup combler cette lacune !
E
J'aimerais bien revoir ça. J'ai le souvenir très vague d'un film étrange et particulièrement envoutant.
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N
Oui, étrange et envoûtant, exactement. Un beau film.

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