Film américain
Date de sortie : 9 janvier 2008
Genre : retour aux sources
Durée : 2h27
Scénario : Sean Penn, d’après l’œuvre de Jon Krakauer
Photographie : Eric Gautier
Musique : Michael Brook, Kaki King et Eddie Vedder
Avec Emile Hirsch (Christopher McCandless), Marcia Gray Harden (sa mère), William Hurt (son père), Jena Malone (Carine McCandless), Vince Vaughn (Wayne Westerberg), Catherine Keener (Jan Burres)…
Synopsis : Tout juste diplômé de l'université, Christopher McCandless, 22 ans, est promis à un brillant avenir. Pourtant, tournant le dos à l'existence confortable et sans surprise qui l'attend, le jeune homme décide de prendre la route en laissant tout derrière lui. Des champs de blé du Dakota aux flots tumultueux du Colorado, en passant par les communautés hippies de Californie, Christopher va rencontrer des personnages hauts en couleur. Chacun, à sa manière, va façonner sa vision de la vie et des autres. (Allociné)
Mon avis : We are living in a material world and I am not a material boy
En 1996 sort aux États-Unis le livre de Jon Krarkauer intitulé Into the wild narrant l’aventure incroyable qu'a vécu quatre ans plus tôt Christopher McCandless dans le grand Nord. Très tôt Sean Penn s’intéresse à l’adaptation et son enthousiasme pour le projet vaincra finalement les réticences de la famille McCandless dix ans après. Il faut dire que le réalisateur de l’excellent Crossing guard s’est investit corps et âme dans une aventure cinématographique (tournages en décors réels dans des conditions difficiles, finances qui ne suivent pas…) qui rejoint celle du personnage principal.
Christopher McCandless décide ainsi, une fois son diplôme de fin d'études décroché, de tout quitter pour partir à l’aventure. Brûlant ses papiers, léguant ses économies aux pauvres, il part sans prévenir ses proches dans un périple qui va l’amener loin, très loin. D’abord sur les routes des États-Unis, où il rencontre des personnages auxquels il s’attache, et qui s’attachent à lui. Mais ces rencontres ne le dévient pas de son but final : l’Alaska, vaste contrée quasi vierge qui le guide depuis toujours.
La sincérité de Sean Penn se sent durant toute la durée du film (long mais pourtant on ne voit pas le temps passer) : l’acteur réalisateur s’est beaucoup investit et cela se voit. Les grands thèmes que développent Into the wild – anti-conformisme, anti-matérialisme, retour à la nature – sont des thèmes certes branchés mais que prône Sean Penn depuis déjà bien longtemps. Cette fraîcheur dans le propos légèrement naïf est d’ailleurs à la fois la force et la faiblesse du film : oui, on a clairement envie de faire comme le héros, et sa quête d’absolu est infiniment louable mais on ne peut par exemple s’empêcher de sourire devant la candeur du jeune homme qui va donner ses maigres économies à la lutte contre la faim dans le monde.
D’autres parts, si la construction des personnages secondaires est extrêmement bien faite (ils prennent rapidement chair en seulement quelques scènes), la relation entre Christopher McCandless et son père est un peu bâclée : le père n’est sûrement pas un modèle mais la haine que lui voue son fils paraît un peu disproportionnée. Par contre la relation qu’il noue avec sa « seconde mère » (incarnée par une magnifique Catherine Keener) est remarquablement bien traitée, et leurs adieux sont d’une pudeur on ne peut plus émouvante. Sur la forme, Into the wild est très bien construit, avec des flash-back judicieux qui amènent naturellement à ce final percutant. Les images d'Eric Gautier sont d’une beauté renversante, et la révélation du film est certainement l’acteur Emile Hirsch qui, en plus d’être un choupinou (et là j’en connais un qui opinera du chef), établit ici une performance vraiment étonnante, n’hésitant pas à se transformer physiquement pour être au plus proche du personnage. Into the wild est donc vraiment le premier grand film de 2008.
Ma note : ***