Fiche technique
Film français
Date de sortie : 7 décembre 2011
Genre : crises de nerfs
Durée : 1h20
Scénario : Yasmina Reza
Image : Pawel Edelman
Musique : Alexandre Desplat
Avec Jodie Foster (Penelope Longstreet), Christoph Waltz (Alan Cowan), Kate Winslet (Nancy Cowan), John C. Reilly (Michael Longstreet), Elvis Polanski (Zachary), Eliot Berger (Ethan)
Synopsis : Dans un jardin public, deux enfants de 11 ans se bagarrent et se blessent. Les parents de la « victime » demandent à s'expliquer avec les parents du « coupable ». Rapidement, les échanges cordiaux cèdent le pas à l'affrontement. Où s'arrêtera le carnage ? (allocine)
Mon avis : Exercice de style pour bourgeois déprimés
Ce n’est pas vraiment une surprise que de nous retrouver dans Carnage avec une unité de lieu. Depuis le début de sa filmographie, Roman Polanski nous a habitué à des huis clos. On se retrouve enfermé tantôt comme ici dans un appartement (Répulsion), tantôt sur un bateau (Le couteau dans l’eau), tantôt sur une île (The ghost writer), et j’en passe. Quand on se rappelle des péripéties judiciaires qui lui sont récemment arrivées c’est d’ailleurs assez ironique, mais cela ne nous regarde pas. Ici, en adaptant Le dieu du carnage, de la faible Yasmina Reza, il se rajoute une contrainte, celle de raconter une histoire en temps réel. Et le pari est réussi de ce point de vu : pas d’ellipse, peu de personnages on suit les disputes de ces deux couples quasiment en temps réel (il n’a pas poussé le vice à ne faire qu’un plan séquence). Un exercice audacieux, parfois intéressant mais qui reste un exercice de style.
Un groupe d’enfants jouent dans un jardin. Soudain une dispute éclate, et l’un d’entre eux, Zachary, frappe avec un bâton l’un de ses camarades, Ethan. Quelques jours plus tard, les parents des deux garçons se retrouve dans l’appartement de celui qui a reçu le coup. Il veulent régler cette histoire entre eux, et Pénélope, la mère d’Ethan, écrit un procès verbal précisant la façon dont les évènements se sont déroulés. Les parents de Zacharie tiquent légèrement lorsque Pénélope note que Zacharie était armé d’un bâton : ils préfèrent écrire qu’il tenait un bâton. Les deux couples s’entendent sur une dernière version et se disent au-revoir dans l’entrée. Pénélope tient tout de même à s’assurer que Zacharie a bien intégrer le sérieux de la situation : Ethan a subi de graves damages aux dents, et va sans doute devoir être opéré.
La mécanique comique fonctionne assez bien dans Carnage. Les joutes verbales s’enchaînent, les bons mots fusent et la situation dégénère de façon jouissive. On rit de bon cœur à voir ces deux couples de bourgeois caricaturaux perdre leur sang froid peu à peu. Les masques tombent et les vrai visages apparaissent, pas si lisses et politiquement corrects qu’ils n’y paraissent. Peut-être est-ce une façon pour Roman Polanski de critiquer vertement les États-Unis : le film a beau être français, son contexte est typiquement américain. D’abord il se passe à New-York, mais cela dit il pourrait également se dérouler chez des bobos parisiens.
Ce sont surtout ces caractères procéduriers et ces trop pleins de bonnes intentions, qui cachent un mépris certain et une suffisance feinte, que l’on trouve plus typiquement outre-Atlantique. Mais je m’égare, je schématise, tout comme le film d’ailleurs qui manque tout de même de finesse. Certes, Carnage dure moins d‘une heure et demi, et n‘a donc pas vraiment le temps de développer ses personnages. On voit bien, l’alcool aidant, apparaitre certaines facettes des personnalités mais ils semblent passer d’un état à l’autre un peu trop rapidement.
Notons tout de même à Roman Polanski et à Yasmina Reza le talent de mettre en avant quelques travers de notre société et du confort petit-bourgeois qu’elle engendre parfois. Mais ce qu’on peut reprocher dans Carnage c’est qu’il est finalement très prévisible. Pour peu qu’on connaisse vaguement son histoire, qu’on ait vu son affiche (très bien faite, mais trop explicite) ou sa bande annonce, on n’est pas surpris durant la projection. L’exercice de style parait alors habile, mais un peu vain. On cherche un peu où veut en venir Polanski, et ce n’est pas vraiment dans sa mise en scène polie qu’on trouvera la réponse.
Ma note : **