Film français
Date de sortie : 30 avril 2008
Genre : crise de la quarantaine
Durée : 1h25
Scénario : Jean Becker, Eric Assous et Jerôme Beaujour, d’après l’œuvre de François d’Epenoux
Photographie : Arthur Cloquet
Musique : Alain et Patrick Goraquer
Avec Albert Dupontel (Antoine Méliot), Marie-José Croze (Cécile Méliot), Pierre Vaneck (Le père d’Antoine), Alessandra Martines (Marion), Samuel Labarthe (Etienne), Claire Nebout (Clara)…
Synopsis : Antoine Méliot, la quarantaine, a tout pour être heureux : une belle épouse, deux enfants adorables, des amis sur lesquels il peut compter à tout instant, une jolie demeure dans les Yvelines et de l'argent. Mais un jour, il décide de tout saboter en un week-end : son bonheur, sa famille, ses amis. (allocine)
Mon avis : N’oublie pas que tu vas mourir
S’il y a bien un cinéaste qu’on peut qualifier de « français », c’est Jean Becker. Depuis les années soixante le réalisateur de L’été meurtrier et des Enfants du marais a développé de nombreuses intrigues ancrées dans le terroir de nos régions. On pourrait le qualifier de cinéaste de la ruralité, prônant au fil du temps ces éternelles valeurs que demeurent la famille et l’amitié. Tout cela est bien consensuel et ne casse pas trois pattes à un canard. Avec Deux jours à tuer, il conserve ce credo habituel auquel il nous rajoute une espèce de philosophie de la vie.
Antoine est un homme de 42 ans, marié à une femme qu’il aime et qui l’aime, avec deux enfants adorables. C’est bientôt son anniversaire et sa gentille femme lui prépare une fête surprise avec tous ces amis. Cependant, ce jour-là Antoine est de mauvaise humeur semble-t-il : il ne peux pas s’empêcher d’envoyer balader tout le monde. Sa belle-mère, une râleuse patentée, en prend pour son grade, il s’engueule avec son épouse, parle mal à ses enfants et le pompon arrive avec la soirée d’anniversaire qui se termine en pugilat. Mais qu’arrive-t-il donc à Antoine ?
La seule chose de vraiment intéressante dans Deux jours à tuer c’est son début. Dans un style qui ne lui ressemble pas Jean Becker enfonce des portes ouvertes, certes, mais avec un ton assez réjouissant. C’est avec un plaisir non dissimulé que l’on écoute Albert Dupontel dire leurs quatre vérités à un industriel imbu de lui-même ou à deux relations plutôt que des amis qui vivent en vase clos, sans se remettre en question ni eux même ni leur petite vie bien tranquille. C’est souvent jouissif, parfois caricatural, un peu cruel mais ça fait un bien fou. Et du coup on se dit que Jean Becker s’est offert une cure de jouvence avec ces Deux jours à tuer. La suite est malheureusement bien moins habile. Dans cette deuxième partie, Becker ne va pas pouvoir s’empêcher de nous rabâcher sa vieille morale et mettre en avant les bonne vieilles valeurs traditionnelles : la vie, l’amour, la pêche… on connaît par cœur.
Et Albert Dupontel qui était jusqu’alors grinçant comme il sait très bien l’être, de verser dans le mélo prévisible, sans que le pourtant excellent Pierre Vaneck ne puisse faire grand chose pour sauver l’aventure. Prévisible c’est d'ailleurs bien le mot, et c’est là le défaut majeur de Deux jours à tuer : dès le début on comprend où Jean Becker veut en venir, et la « surprise » finale n’en est que fortement émoussée. Pire, le film étant entièrement construit autour de ce secret dévoilé qu’à la toute fin, le spectateur ne peut que saisir toutes les allusions franchement lourdes qui le parsèment. N’est pas Philippe Lioret qui veut, et là Jean Becker n’arrive pas à ne pas faire tomber le soufflet. On se contente donc d’assister sans surprise aucune à un final hautement consensuel et qui ne peut que décevoir par rapport au début du film. Deux jours à tuer s’avère donc un film truffé de lieux communs et dont la révélation tant attendue est finalement bien décevante.
Ma note : °