Fiche technique
Film français
Date de sortie : 24 octobre 2001
Genre : vies croisées
Durée : 1h41
Scénario : Claude Miller, d’après l’œuvre de Ruth Rendell
Image : Christophe Pollock
Musique : François Dompierre
Avec Sandrine Kiberlain (Betty Fisher), Edouard Baer (Alex Basato), Nicole Garcia (Margot Fisher), Luck Mervil (François Diembele), Mathilde Seigner (Carole Novacki), Stéphane Freiss (Edouard)…
Synopsis : Deux femmes, deux mondes : Betty Fisher, une jeune écrivain de talent, qui découvre les joies de l'amour maternel avec son fils Joseph âgé de quatre ans ; Carole, une serveuse dans un bar de centre commercial, à qui la vie n'a pas fait beaucoup de cadeaux et qui ne sait montrer à José, son enfant, que rudesse et désintérêt. (allocine)
Mon avis : Kaléidoscope policier dans un microcosme fascinant
Dans la filmographie de son réalisateur, Betty Fisher et autres histoires se situe à une période bien particulière. Trois ans plus tôt, Claude Miller remportait le Prix du Jury au 51e Festival de Cannes. avec sa Classe de neige. Cinq ans plus tard, il revenait à Cannes avec La petite Lili, qui lui valu également pour sa mise en scène une nomination aux 29e Césars, cérémonie durant laquelle Julie Depardieu recevait deux prix d‘interprétation pour le même film. Entre les deux, Betty Fisher et autres histoires reçoit peu d’échos lors de sa sortie en salles, et nombreux furent alors les détracteurs du film. Un film qui ne manque pourtant pas d’intérêt, non seulement car il adapte Ruth Rendell, l’un des grands auteurs britanniques de polars, mais également par sa forme.
C'est à l'aéroport que Betty retrouve sa mère Margot après des années de séparation. Écrivain célèbre, elle a vécu aux États-Unis et est désormais installée à Vaucresson avec son fils de huit ans, Joseph, que Margot n'avait jamais rencontré. Celle-ci vit aujourd'hui à Malaga et est de passage en France pour passer des examens médicaux. Elle souffre en effet d'une maladie rare qui donne lieu à des accès de violence incontrôlés dont Betty a fait les frais durant sa jeunesse. Nerveuses toutes les deux, elles entament des conversations à bâtons rompus et tentent de reprendre cette relation trop longtemps interrompue.
La structure de Betty Fisher et autres histoires s'inscrit dans un genre particulier, qu'on peut qualifier comme un chassé-croisé de personnages multiples. Les américains y sont passés maîtres, en particulier depuis que Robert Altman lui a donné ses lettres de noblesse, mais les français en sont moins friands. L'astuce qu'a trouvé Claude Miller de passer par l'adaptation d'un polar est assez bien trouvé. Nous suivons ainsi le déroulement de l'intrigue sous divers angles et avec une fluidité remarquable.
Par l'intermédiaire d'un personnage clé, l'enfant, plusieurs portraits d'hommes et de femmes nous sont ainsi livrés, chacun avec ses névroses et son bagage ou son héritage. Tous ne sont pas brossés avec une même profondeur ni une même finesse, mais l'ensemble reste tout de même harmonieux. La construction du récit de Betty Fisher et autres histoires permet également d'entretenir un suspense qui nous tient en haleine jusqu'au final, paroxystique et assez jouissif. L’intrigue policière sert de sous-texte pour nous faire le portrait d’hommes et de femmes, avec leurs failles, leurs faiblesses et leurs contradictions.
Et Betty Fisher et autres histoires est ainsi tendu comme un arc jusqu'à sa résolution, où les fils seront enfin dénoués de belle manière quoiqu'un tantinet artificielle. La tension que l'on ressent est aidée par l'interprétation des interprètes, tous justes. Nicole Garcia se sort habilement d'un rôle difficile tandis que Sandrine Kiberlain se montre pudique et émouvante. Comme à son habitude, Claude Miller tire le meilleur de ses acteurs et de ses actrices dans un de ses films qui gagne à être connu.
Ma note : ***