Fiche technique
Film russe, ouest-allemand
Genre : passage entre deux mondes
Durée : 2h43
Scénario : Arkadi et Boris Strugatsky
Image : Aleksandr Knyazhinsky
Musique : Eduard Artemyev
Avec Alexander Kaidanovski (Stalker), Alissa Feindikh (La femme du Stalker), Anatoli Solonitsyne (L’écrivain), Nikolai Grinko (Le scientifique)…
Mon avis : chez Tarko y a tout ce qu’il faut
La maison du grand-père de Andrei Tarkovski a sombré sous les eau suite à l’écroulement d’un barrage quand il était petit. Revenant sur les lieux du désastre, nul doute que l’incident a eu un grand impact sur le réalisateur, ce dont on peut trouver quelques stigmates dans Stalker. Les images de ces étendues d’eau et de ces stalactites inquiétantes ont peut-être pour origine ce drame fondateur.
Quoi qu’il en soit, sept ans après Solaris Andrei Tarkovski réalise un deuxième film de science-fiction aux accents métaphysiques. Le point de départ est une météorite (enfin on ne saura jamais en fait) qui s’est écrasée il y a fort longtemps, laissant place à un territoire inconnu, la Zone. Aux abords très difficiles, la Zone promet aux aventuriers qui s’y rendent d’exaucer leurs rêves les plus intimes. Un écrivain et un scientifiques vont donc faire appel à un Stalker (un passeur) pour s’y rendre, et vont traverser toute une série d’épreuves avant de pouvoir, qui sait, toucher au but suprême.
Et Stalker est une illustration parfaite de son sujet : le spectateur va devoir passer lui aussi par plusieurs d’états différents avant de pouvoir apprécier le film à sa juste valeur. Andrei Tarkovski n’est pas homme à livrer son œuvre clé en main, il faut savoir la « mériter ». Ainsi, ce n’est qu’après des passages parfois abscons parfois franchement ennuyeux (il faut bien le dire) que l’on va entrevoir la possibilité d’une réponse. On tâtonne, on cherche la vérité (si tant est qu’elle existe), on est forcé à une introspection ardue mais rédemptrice.
Et là est la futilité d’écrire sur un film comme Stalker : ce n’est qu’en étant confronté à ces images apaisantes, à cette lumière, à ces paysages tout droit sortis de l’imaginaires de Andrei Tarkovski qu’on arrive à entrevoir une partie de son propos. Métaphoriquement, le film renvoie à une flopée de réflexions, confrontant bien sûr la science et l’art dans un no man’s land de la foi. Et chacun de se demander quelles sont ses motivations véritables dans cette épopée spirituelle : celui qui pourra entrer dans la chambre exhaussant tous les désirs humains sera celui qui est véritablement pur et sans motivation autre que celle d’élever son âme.
Un tel être humain existe-t-il ? Et surtout, quel est cette entité qui a créé la Zone et dans quel but ? Chacun est ramené à ses propres doutes et interroge ses croyances les plus profondes. On le voit, Stalker est une œuvre à multiples entrées et qui servira sans nul doute de base de réflexion à de nombreux autres films, de Matrix à Avalon en passant par eXistenZ (et bien d'autres).
Ma note : ***